Joanis Maquiesse, à l’heure suisse
A 17 ans, Joanis Maquiesse a découvert cette saison le monde professionnel en Suisse, à Fribourg.
Pour Joanis, tout a commencé à Illzach. Le football, pas du tout, le judo, un peu, mais le basket, beaucoup : « C’est ma maman qui m’a dirigée vers le basket. Le football, ça ne m’a pas plu, au contraire du basket ». Les années s’enchaînent et après Illzach, il rejoint Mulhouse, puis Pfastatt et sa génération dorée : « Ces années ont été importantes pour moi. A Pfastatt, que ce soit avec Stéphane Jung ou Jean-Luc Monschau, j’ai pu beaucoup jouer et apprendre. J’étais très proche de Kymany (Houinsou) sur et en dehors du terrain et avec l’équipe, nous avons décroché le titre de champion de France U15. Cela reste mon meilleur souvenir à ce jour ».
Direction la Suisse
Les lendemains de fête peuvent pourtant, parfois, vous réserver de drôles de surprise. La suite logique aurait voulu pour Joanis d’intégrer un centre de formation. Aucun des différents tests passés ne s’avèrent pourtant concluant. Mais pas question d’arrêter le basket pour autant. Joanis plie alors bagages et part s’installer de l’autre côté de la frontière, à Boncourt, en Suisse. Sa première saison, il la boucle avec les U17 du club jurassien, et surtout 34,3 points de moyenne sur la phase régulière, 27,5 sur les playoffs. Sans titre toutefois, puisqu’ils terminent troisièmes de la saison avec ses coéquipiers, mais avec un regain de confiance : « J’avais besoin de retrouver de la confiance et du temps de jeu. Boncourt a été le club parfait pour me relancer et m’exprimer. J’ai terminé meilleur marqueur du championnat et cela m’a grandement aidé pour rejoindre Fribourg ».
Fribourg, en Suisse, c’est 19 titres de champion, 9 coupes de Suisse, 6 coupes de la Ligue, dont deux triplés (en 2007 et 2018) et cinq doublés. Un palmarès important et forcément, une pression plus forte que dans ses précédents clubs. L’apprentissage se fait toutefois en douceur et pas immédiatement sous les feux des projecteurs. En U23, il répète ses gammes une première saison et intègre, petit à petit, le groupe professionnel : « Je n’étais pas censé intégré l’équipe première cette saison. Cela a été une surprise pour moi car je n’ai pas signé professionnel. Le coach m’a d’abord fait venir une première fois dans le groupe et m’a donné quelques minutes en match. J’ai pu me montrer, puis, revenir une deuxième fois avec l’équipe, et ainsi de suite jusqu’au point de jouer tout le temps avec eux ». Au total, il prend part à 14 rencontres, pour presque 5 minutes de moyenne sur les parquets (1,4 point), tout en poursuivant son aventure avec le groupe U23 (9 matchs, 11,7 points, 3,6 rebonds et 2,4 passes décisives). A tout juste 17 ans, rappelons-le.
La coupe d’Europe, prochaine étape ?
Aujourd’hui, les voyants semblent au vert pour Joanis. Sa progression au sein du Fribourg Olympic est en marche et même si rien n’est encore confirmé pour la saison prochaine, il devrait pouvoir continuer à porter les couleurs du champion de Suisse en titre : « Normalement, je devrais continuer ainsi. J’espère poursuivre ma progression au sein de l’équipe professionnelle et avoir un vrai rôle, comme troisième meneur, ou même deuxième meneur ». Sans vouloir brûler les étapes, bien entendu.
Opposé au monde « des adultes » depuis maintenant quelques années, « dès mon arrivée à Boncourt, je m’entraînais avec l’équipe professionnelle », il n’a pas non plus ressenti cette différence de niveau souvent rattachée à la Ligue Suisse : « Je dirais que c’est équivalent à la Pro B. Et comme je l’ai dit, en m’entraînant très jeune avec des adultes, tu ne ressens pas cette différence. A Fribourg, je suis en opposition avec notre meneur américain. Je peux me confronter à lui régulièrement, ce qui me permet d’évoluer. Et Fribourg, il ne faut pas oublier qu’ils jouent régulièrement la coupe d’Europe ». Cette étape sera d’ailleurs la prochaine que Joanis souhaite franchir. Que ce soit en BCL (le club est qualifié pour la phase qualificative) ou en Europe Cup, il voudra cette année y prendre part, cela n’ayant pas été possible ces derniers temps, le jeune meneur ayant privilégié ses études.
Ce dernier point reste important pour lui et conditionnera la suite de sa carrière : « je veux d’abord terminer mes études ici. Ensuite, il sera temps de me consacrer à la suite. Je verrais si un retour en France est possible. Sinon, pourquoi pas les Etats-Unis, que j’ai toujours dans un coin de ma tête ? ». Après s’être arrêté en Suisse, une destination proche mais quelque peu inconnue en termes de basket, le début de carrière de Joanis pourrait bien servir d’exemple pour d’autres joueurs : « Dire que je suis un exemple à suivre, je ne sais pas. Je pense de toute façon que chacun doit suivre son propre chemin. Pour ma part, la Suisse m’a permis de rejoindre une équipe dans un rôle important, avec des responsabilités, qui m’ont apporté la confiance nécessaire pour être aux portes de l’équipe première ».
A ce jour, un de ses anciens coéquipiers (Ilian Nessaïbia) a également fait le pari suisse. La preuve que pour l’instant, Joanis est à la bonne heure.
CRédit photos : Branko Jelenic / branko_jelenic_photography