Portraits

Fabien Kaerlé, une carrière riche

Plus de 25 ans de carrière de joueur, aujourd’hui entraîneur, Fabien Kaerlé a marqué de son empreinte l’histoire du basket en Alsace.

Au fil des années, le basket a pris une place (très) importante dans sa vie. Et nul doute que ce sera encore le cas lors des prochaines années. Pourtant, c’est le sport dans son ensemble qui possède une importance particulière dans le vécu de Fabien. Professeur d’EPS, il a pratiqué plus jeune le foot, la natation, le tennis ou encore le judo, le tout à un niveau parfois très intéressant. Aujourd’hui, le deuxième sport au ballon rond fait d’ailleurs toujours partie de ses activités.

Dans l’histoire du WOSB

Au moment de faire un choix, Fabien opte pour le basket. Une décision, une raison : « c’était à l’époque le plus opportun pour jouer le plus haut possible ». A ce moment-là, il portait les couleurs de Geispolsheim Gare, après avoir débuté … à  Geispolsheim : « Jusqu’au niveau séniors, j’ai joué du côté Gare. C’est après la fusion entre les deux clubs que je suis logiquement revenu à Geispolsheim ». La suite se passe à la SIG, en Nationale 3, « une belle saison individuelle, mais plus difficile sur le plan collectif avec une descente en fin de saison ». Ensuite, cap à l’est vers le WOWB (anciennement WOSB) : « j’ai joué cinq ans là-bas. Puis, je suis parti quatre ans à Gries avant de revenir terminer ma carrière à Otterswiller, ma seconde famille ».

Des années à arpenter les salles alsaciennes qui lui ont permis de jouer avec quelques-uns des meilleurs joueurs passés par la région, comme « Bosko Majstorovic, Sreten Cabarkapa, Jérémy Tschamber ou encore Pierrick Lazare, dont beaucoup jouent encore en pro maintenant. J’en oublie certainement, tant il y en a eu. Mais si je dois citer une personne avec qui j’ai eu la meilleure affinité sur le terrain, je dirais Jean-Robert Wilt. Si aujourd’hui je suis meilleur marqueur du WOSB, je lui dois une bonne partie de mes points. Il avait toujours tendance à me servir moi, avant lui ». Sa carrière l’a aussi amené à rencontrer certains joueurs très référencés, comme Marquez Haynes, qu’il a affronté lors de la coupe de France 2011 et un Gries-Chalon-sur-Saône (défaite 73-94 en 16ème de finale), « il m’a cassé une ou deux chevilles sur ces changements de rythme ».

Champion des coupes du Crédit Mutuel

Cette compétition lui laisse d’ailleurs un souvenir, à première vue, amer : « Nous avons perdu deux fois en demi-finale de la coupe de France. Une vraie déception pour moi car contrairement à plusieurs de mes coéquipiers qui ont joué la finale, je n’ai jamais réussi à aller à Bercy ». Mais ce n’est malheureusement pas la seule cicatrice sportive encore présente à ce jour chez Fabien : « Je me souviens aussi des Playoffs d’accession en NM1 avec Gries, la défaite face à Chartres. Nous étions à 40 minutes de parvenir à monter. J’avais l’impression d’être le chat noir, car je ne gagnais jamais rien et souvent, les équipes performaient après mon départ ». Et heureusement, cette longue carrière lui a apporté aussi bien des joies : « Les championnats d’Europe universitaire en 2003, à Novi Sad. Nous étions une vraie bande de potes, je venais de pré-nationale et c’est la première fois que je côtoyais le haut-niveau, on a gagné le trophée du fair-play et j’ai fini MVP du tournoi… Puis viennent les douze coupes du Crédit Mutuel », comparables selon lui « à la coupe du Monde du Bas-Rhin, pour certains ça semble aléatoire, pour moi l’alsacien, c’est quelque chose de très important. J’ai également eu la chance de jouer les vrais gros derbys, notamment les GRIES-SOUFFEL avec des salles pleines ou le public s’identifiaient aux joueurs du crus, maintenant cela a peu changé, les derbys c’est surtout pour les spectateurs, les joueurs ne s’y reconnaissent plus trop, mais c’est également le niveau qui veut ça ».

Son aventure sur le parquet a duré jusqu’à ses 38 ans. Le bon moment pour Fabien pour arrêter de jouer et enchaîner, avec une autre casquette : « J’avais peut-être encore les jambes, mais plus la tête. Je savais que je me rapprochais de la fin et j’ai pris la décision d’arrêter. Je remercie François Ladenburger et Dany Wilt qui m’ont laisser le choix de choisir quand je voulais m’arrêter, c’est un luxe. Je me suis demandé si je ne devais pas souffler quelque temps. Mais le projet et l’opportunité de la SIG m’ont séduit. Coacher, je l’avais planifié, mais me retrouver là aussi vite et aussi haut, je n’y avais pas pensé ».

Des inspirations multiples

Durant plus de vingt ans, Fabien a enchaîné les rencontres au basket. Joueurs, officiels ou coachs, nombreux sont ceux à qui il a dû serrer la main avant et après les matchs. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui, chacun leur tour, lui ont donné l’envie de se lancer dans cette nouvelle étape de sa carrière : « J’ai eu beaucoup de très bons coachs dans la région. Il n’y a peut-être que Stéphane (Eberlin) avec qui je n’ai pas travaillé, et qui m’aurait également beaucoup apporté. A chaque moment de ma carrière, j’ai su être influencé par beaucoup d’entre eux. Jeune, c’est mon formateur Maximilien Bezler qui m’a beaucoup aidé, à me canaliser par exemple. Patrick Lazare, à la SIG, m’a appris sur et en dehors des terrains. Ensuite, ma rencontre avec Marc Westermann, au WOWB, m’a permis de franchir un cap, tout comme Olivier Bady à Gries qui m’a fait comprendre que le basket était un jeu de lecture et de réflexion. Je ne peux ensuite pas ne pas parler de Thierry Boess et Dany Wilt, qui m’ont permis de me relancer au WOSB. Sans eux, j’aurais certainement arrêté après Gries. Et pour terminer, François Ladenburger, important pour moi aussi car il a continué à faire de moi un leader alors que j’étais en fin de carrière. Chacun d’entre eux m’a influencé durant les grandes étapes de ma vie ».

Et que dire de la dernière étape de sa carrière de joueur, un ultime match à domicile avec le WOSB face au FCM, qui s’est soldé par une fête inoubliable : « La fête était déjà annoncée avant le match. Si j’ai pu marquer l’histoire du WOSB, ils ont aussi fortement marqué la mienne. Ce soir-là, le coach avait fait beaucoup de systèmes pour moi, Jérémy (Tschamber) m’a beaucoup servi. J’ai pu me montrer, dans un match particulier pour moi. Nous nous sommes fait plaisir, avec du monde dans les tribunes, mes amis, ma famille, ma femme surtout qui me soutient continuellement en se sacrifiant souvent à ma place, et ma fille qui se souviendra peut-être que j’étais un jour basketteur. Pour l’instant, elle me prend pour un footballeur vétéran. Cette fête restera gravée pour moi. Au final, J’ai surtout eu cette fierté d’avoir pu atteindre le plus haut niveau amateur, en ayant la possibilité de côtoyer de grands joueurs, jouer de beaux matchs dans des salles pleines, alors que je viens de nulle part, sans être passé par un pôle ou un centre de formation. Je n’étais jamais prédestiné à jouer à ce niveau, à 20 ans, je ne jouais pratiquement pas en promo-région ».

L’histoire du basket alsacien est riche, mais une chose est sûre, Fabien Kaerlé y a laissé son empreinte. Après tout, avec douze titres de champion du monde…

Crédit photo : Florent Ott