Lauriane Dolt et la famille Miyem lancent le camp Keys coach
Lauriane Dolt, deux fois coach de l’année du championnat Espoirs en 2015 et en 2020, vient d’annoncer avec la famille Miyem le lancement du camp Keys Coach, un camp d’été spécialement pour les entraineurs. Une bonne occasion pour prendre de ses nouvelles.
Bonjour Lauriane, déjà, que deviens-tu ?
Cette année, mon objectif était de voyager pour découvrir comment des entraîneurs d’autres pays ou d’autres sports travaillent. Je pense que nous avons beaucoup à apprendre des autres sports, y compris des sports individuels. J’avais ce besoin de prendre du recul par rapport au terrain car, quand tu travailles pendant douze ans sans cesse, à force, tu as toujours la tête dans le guidon et tu ne t’ouvres plus comme tu devrais t’ouvrir. À un moment, je ressentais un manque. C’est ce qui m’a poussée à prendre un an pour découvrir ce qui se fait ailleurs.
J’avais annoncé à la SIG Strasbourg mon choix bien avant la crise sanitaire : avec mon agent, Olivier Mazet, on avait organisé un tour d’Europe. Je devais aller au Bayern Munich, au sein de la structure complète et voir aussi des clubs turcs et italiens. Je ne pensais pas qu’on serait à l’arrêt comme ça… Malheureusement, la fermeture des frontières a mis à mal ce projet. Du coup, je suis actuellement en train de préparer un tour de France.
Cela m’intéresse toujours de parler avec des entraîneurs, même ceux qui ont une philosophie de jeu à l’opposé de la mienne. C’est toujours très intéressant de connaître leur cheminement, de comprendre comment ils sont arrivés à ce projet de jeu. En 2017, j’étais partie en visite au club de rugby de La Rochelle. J’ai adoré découvrir leurs méthodes de travail et voir comment ils s’organisaient.
Comment définirais-tu ton projet de jeu ?
Tout d’abord, je me suis construit via les entraîneurs que j’ai côtoyés. D’abord Éric Girard, puis Frédéric Sarre et ensuite, évidemment, Vincent Collet, qui m’a beaucoup transmis. C’était important aussi de construire mon projet de jeu par rapport à qui je suis. Ainsi, je souhaite que mon équipe pratique un jeu exigeant, intense mais avec aussi une forme de liberté.
Je retranscris ces idées avec des défenses très agressives et, en attaque, des premières intentions vers le jeu rapide, si c’est ouvert. En revanche, si c’est fermé, je ne souhaite pas que mon équipe force. Elle doit respecter le jeu, mettre en place sur demi-terrain un jeu de passes. Je ne souhaite pas orienter mon jeu vers de l’isolation ou des pick and roll à outrance.
Pourquoi avoir lancé ce premier camp pour des entraîneurs ?
Il y a déjà eu un camp pour des entraîneurs à l’époque, Philippe Da Silva me l’a appris récemment ! Je dresse le constat que nous n’avons pas assez le temps d’échanger entre coachs. Par moments, le niveau de compétition induit que chacun prêche pour sa paroisse. Je trouve qu’on devrait être beaucoup plus dans l’échange. Quand j’étais entraîneure en championnat Espoirs, j’ai beaucoup apprécié nos séminaires. Après les modules qui nous étaient imposés, où on ne parlait pas forcément de tactique mais plus d’administratif, on avait l’occasion d’échanger ouvertement entre nous, sans tabous. Je remarque aussi que, pendant les clinics, tout le monde est attentif, prend beaucoup de notes. Ensuite, l’erreur est de retransmettre exactement aux joueurs ce qu’on a appris au clinic sans se l’approprier et sans l’adapter au niveau. Je le sais, j’ai fait pareil quand j’étais une jeune entraîneure.
De fait, j’avais ce projet depuis un moment, mais je ne le développais pas car j’étais déjà prise pendant l’intersaison et, surtout, car je ne me prenais pas le temps. La famille Miyem a fait appel à moi l’année dernière pour que j’assiste à leur camp. Cela fait plus de douze ans que je connais Mounadou, le grand frère, qui est passé par le centre de formation de la SIG Strasbourg. Je connais aussi Essome que j’ai entrainé la saison dernière. Ils ont beaucoup d’idées et ils travaillent en petit comité, avec seulement une quarantaine de jeunes dans un cadre qui est vraiment génial, au Lac du Der à Giffaumont… J’ai laissé mûrir mes idées, ils m’ont accompagnée et nous avons lancé le projet camp Keys Coach.
Mon souhait est de montrer qu’il y a beaucoup de choix tactiques différents mais qu’il n’y a pas pour autant une bonne réponse. L’essentiel, c’est que chaque coach croit dans ce qu’il enseigne et s’approprie les concepts. Par exemple, éviter – alors que je crois dans une défense fermée mais que tout d’un coup je vois lors d’un clinic une option très intéressante en défense ouverte – de faire mon prochain entraînement uniquement sur la défense ouverte. Je préfère réfléchir à ce que moi j’aime comme concept de jeu et ce que j’ai envie de mettre en place. Ainsi, lors du camp, on va inviter des entraîneurs avec des visions différentes sur le jeu. Le but est d’amener les participants à discuter et à réfléchir sur ce qu’ils souhaitent mettre en place. Lundi les inscriptions vont s’ouvrir et, toujours dans cette idée, on adaptera le format par rapport aux inscrits.
Pour s’inscrire au camp Keys Coach dès lundi ou avoir plus d’informations cliquez-ici.
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Crédit Photo : camp Keys Coach