Interviews

Julien Sauter, « beaucoup de points communs entre le sport de haut niveau et l’immobilier »

Si le basket, toujours pratiqué à Furdenheim en N3, n’est jamais loin, Julien Sauter (28 ans) s’est aujourd’hui tourné vers de nouveaux horizons.

Comment as-tu démarré dans le basket ?

J’ai débuté le basket à l’âge de 8 ans. Mon père a toujours fait du basket et mon frère également. Avant d’en venir à ce sport, j’ai comme beaucoup d’enfants essayé plusieurs autres disciplines, comme le foot et le judo. C’est le panier de basket que nous avions à la maison qui m’a captivé, sans relâche. J’ai donc commencé au CBCA à Colmar.

Quelle a été la suite de ton parcours ?

J’ai fait deux années de poussins, une année benjamins et lors de ma deuxième année benjamins, j’ai rapidement été surclassé avec les minimes régions de Colmar. Pour ma première année minimes, je rejoins le pôle espoir à Strasbourg et je décide de rester encore une saison à Colmar en minimes région. Pour ma deuxième année dans cette catégorie, j’ai rejoint le FCM Mulhouse Basket afin de jouer au niveau National. On était une belle bande de potes et nous avons fini troisième de France. Suite à cette belle saison en club et avec les différentes sélections Alsace et Zone Est, j’ai été sélectionné dans les 30 meilleurs joueurs de ma génération et j’ai effectué ce qu’on appelait à l’époque le camp National. Ces différentes sélections ont éveillé la curiosité de différents centres de formation Pro A. J’ai décidé à ce moment-là de rejoindre le STB Le Havre. En Normandie, j’ai joué toutes les années cadets et espoirs et pour finir signer un contrat pro lors de la dernière année.

A quel moment as-tu décidé de vouloir percer dans le basket ?

Ma volonté était assez précoce. Il est vrai que lorsque j’ai commencé à Colmar, c’était avant tout pour m’amuser et m’éclater avec mes potes. Très vite, mes encadrants ont détecté mes capacités et mon potentiel. Au début pourtant, je ne me suis pas pris au jeu de tout cela, ce n’était pas mon truc. Les sélections, c’était trop sérieux. Puis à force de voir mon entourage m’encourager et mon côté compétiteur prendre le dessus, je me suis laissé tenter par cela. Les premières sélections départementales et régionales se sont bien passées pour moi. Après cela, très rapidement dans les filières de haut niveau, on t’inculque le fait que tu peux devenir pro. Alors c’est clair, quand tu as 12 – 13 ans et que tu es compétiteur, on t’explique que tu vas pouvoir vivre de ta passion… tu fonces ! Mais c’est une fois le centre formation intégré que c’est devenu réellement sérieux.

Quels ont été tes exemples, modèles de jeunesse dans le basket ?

Pour être franc, je n’en ai jamais vraiment eu. J’ai toujours essayé de m’inspirer des plus âgés qui jouaient au-dessus de moi. Et comme beaucoup de ma génération, j’ai regardé des heures et des heures de match de Jordan.. Forcément.

Comment s’est passée ton arrivée au Havre ? 

Le Havre… c’est la meilleure décision que j’ai prise de ma vie à l’époque. J’ai été extrêmement bien accueilli, je suis arrivé dans un centre de formation ultra compétitif, qui venait de vivre ses plus belles années.

Dans quel état d’esprit es-tu arrivé là-bas et qu’en retiens-tu ?

Je suis arrivé là-bas alors qu’ils sortaient de trois années de domination, les espoirs n’avaient perdu que trois rencontres sur ces trois dernières saisons. Le coach avait été nommé meilleur entraîneur l’année précédente et les cadets venaient de remporter le trophée coupe de France. Mon but était de grandir le plus vite possible, de devenir un homme et clairement, de finir professionnel. Mes autres souhaits étaient de valider mes études et d’évoluer dans mon basket pour devenir professionnel.

Maintenant, avec beaucoup plus de recul, je m’estime réellement chanceux d’avoir pu vivre cette expérience. Je n’ai aucun regret d’un point de vue basket et je sais que ces années m’ont appris tellement de choses. Au Havre, je suis devenu un bosseur et j’applique cela quotidiennement dans ma vie professionnelle.

Pourquoi avoir pris la décision d’aller au Havre ? Tu n’avais pas eu de contact avec la SIG Strasbourg par exemple ?

Le STB en 2008, c’était quelque chose, je pourrais te faire la liste de tous le professionnels qui sont sortis sur ces années mais elle est trop longue (Ian Mahinmi, Amath M’baye, Fabien Causeur, Pape Sy, Romain Duport et beaucoup d’autres). C’était du sérieux et en Pro A, ils venaient de finir cinquièmes. C’était aussi l’environnement, je suis allé avec mon père faire un essai et on s’y sentait bien. Nous avons été très bien accueillis. La structure était organisée mais proposait aussi une forme de liberté. C’est ce qu’il me fallait à ce moment et je pense que j’avais vraiment envie de quitter l’Alsace, de voir autre chose, de rencontrer de nouvelles personnes, de nouveaux coachs, de nouveaux joueurs, de ne pas jouer toujours contre les mêmes équipes Une soif de changements en somme. J’étais en contact avec beaucoup de centres de formation, Nancy et la SIG voulaient me faire venir également.

A quel moment t’es-tu dit que tu ne pourrais plus faire une carrière pro dans le basket ?

Ma dernière année au Havre a été pénible en termes de blessures et cela ne t’aide jamais pour la saison suivante. Mais j’avais tellement bossé pour ça que c’était impossible de ne pas continuer. Après mon contrat pro au Havre, j’ai réussi à rebondir du côté de La Rochelle en NM1. A la mi-saison, tout se passait bien, on était quatrièmes. Je suis rentré en Alsace pour le break de Noël et j’avais déjà pris ma décision, mais je n’en avais parlé à personne. Le moral n’était plus au rendez-vous.

Après trois saisons comme joueur professionnel, en me consacrant exclusivement au basket, je n’étais pas convaincu par ce rythme de vie. L’éloignement avec mon Alsace natale devenait pesant après sept années de vie à distance. Je suivais de loin l’actualité alsacienne de basket. Le Niveau NM1, même Pro B, ne me convenait pas. Trop de contraintes : tu es loin des tiens, tu ne peux rien faire à côté de ta vie de joueur, tu ne peux pas être totalement libre, tous les dix mois, tu changes soit de club, soit de coéquipiers et pour si peu au final… C’est mon propre avis suite à ma propre expérience, cependant on y trouve aussi des côtés positifs, vivre de ta passion, voyager, rencontrer des gens extraordinaires. Mais principalement, j’avais envie d’autre chose et surtout j’avais peur de me retrouver à 35 ans sans avoir fondé une famille et sans véritable emploi, autre que le sport. Je voulais d’ores et déjà commencer ma reconversion.

Tu as joué dans plusieurs clubs en Alsace, qu’est ce qui t’as poussé ensuite à rejoindre Furdenheim ?

Le retour en Alsace… c’était top. Un retour au source à Kaysersberg tout d’abord et le démarrage de ma reconversion dans l’immobilier. KB, c’était génial, que des bons souvenirs. Ensuite, la reconversion dans l’immobilier commence à devenir sérieuse et les choses s’accélèrent, je dois donc trouver un club proche de Strasbourg et je rejoins Holtzheim. J’y passe deux saisons. Un autre style de club, deux salles, deux ambiances par rapport à KB mais j’y rencontre des joueurs et coachs extra.

Pour des raisons personnelles et professionnelles, je quitte Holtzheim. Furdenheim m’a tout de suite contacté par l’intermédiaire du coach et du président du moment. La démarche et le discours m’ont emballé. Je recherchais un club avec une âme et l’idée d’aller me tester en NM3 me plaisait, surtout que je recherchais à ralentir le rythme puisque professionnellement, tout avait pris de l’ampleur. Je voulais également avoir plus de temps pour ma petite famille.

Comment vois- tu la suite de ta carrière ? 

La suite de ma carrière… aucune idée. Je ne sais pas combien de temps je jouerai encore et  à quel niveau. Plus le temps passe et plus mon temps libre se réduit. J’ai beaucoup de projets dans ma vie, pour ma famille et moi-même, qu’ils soient personnels ou professionnels. Au-delà du côté joueur, je pense qu’un jour, j’aimerai aider un club dans son organisation par exemple. Aujourd’hui je me sens bien à Fufu, c’est un club qui se démarque des autres par son organisation, les gens sont géniaux. Il y a énormément d’entraide, c’est formidable.

Je pourrais encore jouer des années en NM3 ou même au-dessus, physiquement je me sens au top. La saison dernière s’est assez bien passée sur les parquets d’un point de vue individuel et collectif, mais ce n’est plus mon objectif de vie.

Quels restent tes meilleurs et, plus difficiles, souvenirs à ce jour ?

Je retiens beaucoup de bons souvenirs. Avoir gagné le trophée coupe de France en 2011 face à la SIG à Bercy est un super souvenir. Toutes les belles rencontres que j’ai pu faire grâce à mon cursus et à ce sport ou les signatures de mes différents contrats.

Les moins bons souvenirs sont certainement les blessures, avec les opérations et rééducations qui sont allées avec.

Tu travailles aujourd’hui dans l’immobilier. Un milieu qui t’a rapidement attiré ?  

Lors de mon année à La Rochelle, à la mi-saison, je me suis mis cela en tête. J’avais fait des études après le bac dans le commerce au Havre mais c’est l’immobilier qui m’attirait. Dès que je suis rentré en Alsace, je n’ai pas perdu de temps. J’ai tout de suite démarré. J’ai passé un an à comprendre le métier, à être formé et j’ai tout de suite adoré. C’est le côté humain qui me plaît le plus dans ce métier. Tous les jours, j’aide mes clients à avancer dans leurs projets de vie, je les rencontre souvent lors d’une étape importante de leur vie, je prends en compte leurs besoins et on avance ensemble, c’est génial. Il y a énormément de points communs avec le sport de haut niveau et c’est aussi pour cela que j’aime ce métier. C’est très intense, très concurrentiel et cela demande énormément de rigueur au quotidien. Je suis tous les jours à fond pour mes clients et mes collègues.

C’est une passion que je partage également avec ma compagne. Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir trois agences à Obernai, Molsheim et Strasbourg et une dizaine de collaborateurs. Nous exerçons tous les métiers de l’immobilier, achat/vente, gestion, syndic…

Crédit photo : Basket Furdenheim