Jodie Cornélie, « Je veux me donner un maximum de possibilités cette saison »
Formée à la SIG, Jodie Cornélie a quitté l’Alsace très tôt. L’INSEP, les Etats-Unis, Nice ou Mondeville aujourd’hui, l’intérieure de 27 ans ambitionne toujours de retrouver le haut niveau français.
Le basket, on peut dire que c’est une affaire de famille chez les Cornélie ?
Oui, en quelque sorte, le basket est une affaire de famille. Ma mère s’est arrêtée tôt, donc je n’ai pas souvenir d’elle jouant alors que mon père lui joue encore aujourd’hui. Pour ma part, j’ai commencé à Saint-Joseph lorsque j’avais cinq ou six ans. Puis je suis allée à Bischheim, à Gries et la SIG. Je me concentrais essentiellement sur le basket. J’ai pu essayer d’autres sports en accompagnant mon frère dans ses différentes activités et parfois, je m’entraînais avec eux mais c’est bien vers le basket que j’étais tournée.
Après ta formation à la SIG, tu as rejoint l’INSEP. Dans quel état d’esprit y es-tu allée ?
A l’INSEP, je n’y suis pas allée dans l’optique de vivre du basket. C’était plus une suite logique, dans la continuité du pôle Alsace. Je voulais surtout continuer le basket pour le plaisir et je ne visais pas encore forcément une carrière dans ce sport. J’étais grande (de taille), je m’épanouissais dans le basket et je voulais toujours grandir sur le terrain. Sur les parquets, je pouvais m’exprimer et montrer de quoi j’étais capable. Cela me donnait confiance en moi, chose que je n’avais pas forcément en dehors du basket.
Tu es ensuite partie aux Etats-Unis, pour quelles raisons ?
Après l’INSEP, je ne me voyais pas forcément faire uniquement du basket. C’est pour cela que j’ai choisi de partir aux Etats-Unis. Je voulais allier les cours et le sport et je ne me voyais pas forcément abandonner l’un pour l’autre.
Les Etats-Unis, c’était une opportunité qui s’est présentée après le championnat du monde U17. Pour l’anecdote, j’étais avec Alison Vernerey au pôle et son rêve était d’aller à Duke alors que moi, je n’y pensais même pas. Ce sont surtout mes parents qui m’ont poussé à y aller. J’étais motivée, mais il y a beaucoup de démarches à faire et sans leur aide, je ne l’aurai sans doute pas fait. Finalement, c’était une belle continuité de mon parcours à l’INSEP.
Comment s’est passée ton adaptation aux Etats-Unis ?
L’aventure a été dure au départ, notamment les deux premières années. D’abord, j’étais dans une High School où le niveau d’autorité était très dur. L’école était très réputée pour le basket masculin, mais pas pour notre équipe féminine… En arrivant par exemple, on m’a pris mon portable, mon ordinateur, je ne pouvais contacter ma famille qu’une fois par semaine, pendant 15 minutes. A l’INSEP, nous avons des libertés et nous sommes considérés comme des jeunes adultes. Alors que là, il n’y en avait aucune. Je ne pouvais même pas aller à la salle avant l’entraînement ou parler français. La deuxième année, à Dayton, le rythme était compliqué. J’ai été sélectionnée pour le Championnat d’Europe donc je suis arrivée en retard et j’ai dû rattraper les cours. C’était très intense. Je ne jouais pas beaucoup non plus mais ce passage m’a appris une chose, de toujours travailler dur.
Que retiens-tu de ton passage là-bas ?
J’ai appris à découvrir une autre culture. Le style de vie, la grandeur de tout, ça m’a surpris au début. Aux Etats-Unis, plus tu es différent(e), plus on essaie de développer cela. Etant très grande, ce qui n’est pas fréquent ici en France, cela m’a apporté beaucoup de confiance. Et puis les rencontres avec des gens de tous lieux, cela ouvre ton esprit et te marque. Baskettement, j’ai été impressionnée par les structures. Même en Jeep Elite, il n’y en a pas des comme cela. On te donne envie de travailler encore plus dur, et tes coachs, ton staff, en contrepartie, te mettent tout à disposition pour que tu y arrives. Une autre petite anecdote : lors de mon avant dernière année à Dayton, ils ont rénové les vestiaires pour un montant de deux millions d’Euros, rien que cela.
Après Dayton, c’était le bon moment pour toi pour démarrer ta carrière professionnelle ?
Oui, après mon cursus universitaire, j’ai voulu essayer le basket à plein temps.
Tu démarres alors ta carrière à Nice ?
Oui, à Nice j’entrais entièrement dans le monde professionnel, un nouvel univers pour moi. Être payée, arriver dans une équipe avec une hiérarchie bien en place, je n’avais pas encore connu cela auparavant. À l’ université, tout le monde a le même statut. Alors que dans le monde professionnel, ce n’est pas toujours le cas. Cela m’a demandé un certain temps d’adaptation. La deuxième saison à Nice, notre coach est parti à la mi-saison, tout comme notre joueuse majeure. Cela a libéré des places et j’ai alors eu plus de temps de jeu et pu engranger plus d’expérience.
Crédit photo : Lionel Mainas
Après une troisième année compliquée à Tarbes, tu as choisi de rejoindre la Ligue 2 et Mondeville. Reculer pour mieux sauter ?
Oui, dans le fond, c’est un peu reculer pour mieux sauter. A Mondeville, je me sens bien, nous avons une bonne équipe. Je suis persuadée que cette saison va se jouer au mental. Notre mois de janvier est dense, avec huit matchs au compteur. Cela va faire une grosse fatigue, donc il faudra être forte mentalement.
Tu envisages un retour en LFB à l’avenir ?
Je suis désormais plus prête à retourner en Ligue Féminine. C’est dur d’être joueuse professionnelle et de ne pas jouer les week-ends. Cette situation, je l’ai connue alors si je reviens en Ligue, c’est pour jouer.
Tes objectifs pour la suite ?
Je n’ai pas de réels objectifs de carrière, je prends année après année. J’essaie de voir à court terme, je veux me donner un maximum de possibilités cette année. Mais cela dépend de comment on termine la saison. La Ligue comme j’ai dit, ça m’intéresse mais j’aimerais bien monter avec cette équipe. L’étranger ? Je ne me ferme pas la porte non plus. Jouer en Euroleague serait un gros objectif pour moi. Et quant à un retour en Alsace, j’y ai pensé mais pas tout de suite. Mais cela me ferait plaisir un jour.
Crédit photo : USO Mondeville


