Sabrine Bouzenna, maman meneuse
Originaire de Mulhouse et formée à la SIG, Sabrine Bouzenna fait aujourd’hui les beaux jours d’Aulnoye en Ligue 2. Après une longue période sans jouer, la meneuse semble désormais avoir trouvé sa plénitude, sur et en dehors des parquets.
De retour dans l’antichambre de la Ligue Féminine depuis 2019, la SIG possède de réels liens avec la Ligue 2. Que ce soit de par son histoire propre avec de nombreuses saisons dans cette division ou encore avec les joueuses, passées par le club alsacien et qui évoluent désormais dans ce championnat. Parmi elles se trouve Sabrine Bouzenna (27 ans). Bien qu’ayant quitté sa région d’origine il y a plus d’une dizaine d’années pour rejoindre l’INSEP tout d’abord, elle reste toujours disponible quand il s’agit d’évoquer son beau parcours, qui ressemble à tout sauf à un long fleuve tranquille.
Le basket est pourtant arrivé tôt dans la vie de Sabrine. Une formation à Kingersheim tout d’abord, avant de rapidement rejoindre les bancs de Mulhouse. Talentueuse, elle intégrait logiquement le pôle Alsace à 14 ans puis, la SIG. Elle ne le savait pourtant pas encore mais durant cette année 2007/2008 avec les minimes illkirchoises, Sabrine allait vivre une année magique : « Cette saison à la SIG, c’était génial. Encore aujourd’hui, lorsque j’y repense, cela m’apporte beaucoup de plaisir. Mais cela allait au-delà du terrain. En rejoignant ce club, j’ai retrouvé beaucoup de copines et l’ambiance était juste extra. Nous formions un superbe groupe et étions une excellente génération ».
L’aventure INSEP
Des bonnes performances qui lui permettent ensuite d’intégrer l’INSEP. Trois saisons durant lesquelles Sabrine va pouvoir se mesurer quotidiennement aux meilleures joueuses de sa catégorie d’âge. Fréquentant régulièrement les équipes nationales des catégories jeunes, elle développait également son envie de faire du basket, son métier : « Avant l’INSEP, je n’ambitionnais pas de faire du basket mon métier. Cette envie est née lors de ces trois années et ça a grandi au fur et à mesure ».
Très proche de sa famille, la jeune meneuse de jeu parvient également à se faire de l’éloignement des siens. Euphorique au moment de démarrer son aventure à l’INSEP, elle ne se posait guère de questions et croquait à pleines dents dans sa passion de la balle orange : « L’INSEP, c’était spécial. Nous arrivons là-bas comme des jeunes mais l’encadrement dont nous bénéficions nous fait grandir rapidement. Que ce soit sportivement ou scolairement, les suivis sont excellents. Personnellement, j’étais chanceuse de pouvoir vivre dans une telle structure, qui te prépare du mieux possible pour entrer dans le monde professionnel ».
La suite emmène Sabrine vers le Nord. Direction Villeneuve d’Ascq, une équipe phare de Ligue féminine, mais où son temps de jeu ne suivait pas. 8 minutes de moyenne, pour 1,2 point et malgré une deuxième année de contrat à l’ESBVA, elle quitte le club : « Pendant ma première année, je ne jouais pas du tout. J’étais bien intégrée, mais ne jouant pas, j’avais l’impression de régresser. J’étais appelé en équipe de France jeunes tous les étés mais cette année-là, je me souviens que je n’avais même pas été conservée dans le groupe final. Ça a été un gros coup dur. Cela a également motivé ma décision de rompre mon contrat à Villeneuve pour partir ».
Une situation loin d’être évidente à vivre, surtout à 18 ans, l’âge de Sabrine à l’époque, mais qu’elle analyse plus calmement aujourd’hui : « Avec le recul, je me dis que je n’étais pas encore assez mature pour évoluer à ce niveau. Je suis meneuse, c’est un poste compliqué et ne jouant pas, j’ai perdu confiance. Je me posais beaucoup de questions. Le fait de descendre d’un niveau m’a clairement relancé, j’ai repris du plaisir à jouer et ce n’était pas un échec car j’ai beaucoup appris. Peut-être qu’en restant une deuxième année, ma carrière aurait été différente. Mais je n’étais pas encore assez mature ou n’avait pas suffisamment d’assurance pour évoluer en Ligue ».
La Roche, le début de nouvelles vies
Son départ se fait tout d’abord vers Armentières, du moins, cela fut plus un faux-départ : « Trois jours avant le premier match officiel de la saison, le club a déposé le bilan. Nous n’étions pas vraiment au courant car on se concentrait principalement sur le terrain. C’est dommage car la préparation se passait bien et nous prenions beaucoup de plaisir avec mes coéquipières de l’époque ». Un nouveau coup du sort dont Sabrine se relève rapidement. Sans réellement pouvoir gamberger, elle voit le club de La Roche-sur-Yon lui proposer un contrat pour la saison à venir. Si elle ne prend pas part à la première rencontre du championnat, elle pourra disputer toutes les suivantes.
Une, puis deux, puis trois et enfin quatre saisons de suite dans le club vendéen, tant Sabrine s’y sentait bien. Les résultats sportifs étaient eux aussi au rendez-vous, sans toutefois la petite cerise qui aurait pu faire une belle différence. Quoique, celle-ci arrivait au cours de sa dernière année de présence au club : « La Roche, cela reste une très belle expérience, même si nous manquons la montée trois années de suite. Durant la quatrième, je suis tombée enceinte et j’ai dû mettre un terme à ma saison en janvier. Si j’ai quitté le club en fin de saison, je dois dire qu’ils sont restés très proches, en me soutenant jusqu’au bout de mon contrat ».
Certainement dans une de ses meilleures saisons, « je jouais alors trente minutes par match », cette nouvelle ne faisait malheureusement pas forcément l’unanimité : « On a pu dire certaines choses sur ma grossesse, que cela avait été préparé, ou autre. Mais je n’y prêtais pas attention, je restais dans ma bulle. Si aujourd’hui c’est quelque chose que l’on voit de plus en plus souvent, en 2016, c’était presque un truc de fou, une situation qui ne passait pas toujours bien pour tout le monde ».
Un retour et une montée à La Glacerie
Plus d’une année passait avant que Sabrine ne retrouve les chemins des parquets. Une longue pause pour elle, sans courir, toucher la balle ni-même assister à une rencontre de son équipe. Pas de quoi impressionner Yann Volmier, l’entraîneur de La Glacerie, qui lui propose alors de revenir : « Mon retour post-accouchement a été compliqué, très difficile même. J’appelais certaines de mes amies en pleurs, leur disant que je n’y arriverai jamais ».
Pourtant, Sabrine ne lâchera pas. Toujours poussée par Yann Volmier, elle reprend avec l’équipe en deuxième partie de saison 2016/2017. Six mois pour retrouver ses sensations, son envie et sa détermination avant de réaliser une saison 2017/2018 incroyable, ponctuée d’un titre en NF1 et d’une montée en Ligue 2. Si elle considère que son aventure à La Glacerie l’a aidée à « retrouver son niveau sans pression et surtout, arriver où j’en suis aujourd’hui », Sabrine découvre la Ligue 2 du côté d’Aulnoye. Dans le Nord, elle vit même un premier exercice très satisfaisant, malgré une fin de saison connue de tous : « L’année dernière, nous étions premières et invaincues jusqu’en décembre. Mais la COVID-19 est passée par là. La saison a toutefois créé un réel engouement autour du club, et de nouvelles ambitions sont arrivées. L’envie de monter à moyen terme était déjà présente, Aulnoye se structurait pour remplir cet objectif et j’espère que ce sera possible dans les prochaines années ».
Aujourd’hui, dans un classement difficile à lire, les Nordistes occupent la deuxième place, derrière Angers, avec huit succès pour trois défaites. Passées à travers les gouttes du COVID jusqu’à présent, « nous n’avons été arrêtées que sept jours », Sabrine et ses coéquipières savent que la saison sera longue et compliquée à gérer : « À Aulnoye, nous ne sommes pas les plus à plaindre. Nous avons pu jouer tous nos matchs et nous entraîner durant le confinement. Comparé à d’autres clubs, comme Toulouse par exemple, c’est bien. Mais la saison va être serrée ».
En tout cas, Sabrine s’appuiera sur son jeu, plus « mature », pour mener au mieux Aulnoye vers les sommets : « J’évolue avec beaucoup plus de confiance aujourd’hui. Avant la naissance de ma fille, j’étais plus insouciante. Aujourd’hui, j’arrive à prendre plus de recul sur le basket, mais c’est tout ce que j’ai vécu durant ma carrière qui m’apporte cette maturité que j’ai maintenant dans mon jeu ». Et à l’avenir, si elle vise bien sûr le plus haut niveau possible, un retour dans sa chère et tendre Alsace n’est pas exclu. La réponse à la question « quand ? » par contre, reste ouverte.
Crédit photo : Aulnoye Basket