Mai 2008, le magnifique quadruplé de la SIG
C’était il y a douze ans et Philippe Breitenbucher, l’entraîneur d’alors, s’en souvient encore parfaitement. Retour sur ce mois de mai 2008, concentré de victoires et de titres pour la SIG.
« L’objectif affiché, et assumé, cette saison-là était la montée. Nous arrivions au bout d’un cycle de trois ans que nous nous sommes fixés pour rejoindre la Ligue 2 – Nationale 1 à l’époque-. Mais même si on ne cachait pas nos ambitions, nous n’imaginons pas vivre autant d’émotions en fin de saison. On ne peut jamais imaginer tout gagner, même dans les rêves les plus fous mais ce mois de mai était assez dingue, tout s’est enchaîné ». Si ce cru 2008 allait s’avérer parfaitement réussi, les deux saisons précédentes n’étaient pas manquées, loin de là. A chaque fois, les joueuses de Philippe terminent sur le podium et atteignent la finale du Trophée coupe de France. Las, elles ont été défaites à chaque fois sur de faibles écarts. Deux, puis un point, ont empêché les Alsaciennes de soulever ce trophée au Palais Omnisports de Paris Bercy.
Pour avoir les chances d’enfin décrocher le (les ?) Graal, la SIG se donne les moyens de ses ambitions pour l’opus 2007/2008 : « Nous avons recruté Céline Schmitt et Marie-Noémie Privet notamment. L’effectif était complet et surtout, bien équilibré ». Nous avions un groupe de 12 joueuses qui ont d’ailleurs été surnommées les magnifiques par la suite. Le début de saison abonde en ce sens. Les joueuses de Philippe restent invaincues jusqu’à un déplacement à Furdenheim. Rien de périlleux en la matière mais la SIG va tout de même connaître un revers marquant. De ce coup d’arrêt naîtra une remise en question, fédératrice pour la suite : « Ce match à Furdenheim représente un moment charnière dans notre saison. Il nous a remis la tête à l’endroit. Nous étions invaincus et nous avons pris ce soir-là une bonne soufflante. Nous avions oublié beaucoup de choses et sommes tombés de haut, une défaite de 18 points en prime. Elle nous a fait mal à la tête mais suite à cela, on s’est dit que nous ne devons plus vivre de tels matchs, surtout si on veut monter en fin de saison ».
Message reçu de la part de ses joueuses. Jusqu’au bout de la saison, elles se montrèrent intraitables et permettent au coach de pouvoir gérer son équipe avant les Playoffs. L’adversaire pour monter, Nice, que la SIG doit affronter en format aller-retour : « Le groupe était prêt, dans tous les domaines. Nous sommes arrivés en Playoffs en conquérant et sans blessure, ce qui était aussi un objectif. Le premier match était à Nice. En faisant match nul dans le sud, nous nous sommes en plus mis dans une position favorable avant le match retour. Il fallait gagner, pas besoin de faire de calcul ». Une équation simple à comprendre, plus dure à résoudre. Mais la bande de Audrey Kopp se montrait intraitable sur cette rencontre retour : « Au retour, nous faisons un match plein et nous avons ensuite pu fêter. Je crois qu’aujourd’hui encore, les murs de la SIG s’en rappellent ». Au buzzer final, plusieurs sentiments ont d’ailleurs traversé l’esprit de Philippe : « Mon sentiment ? Énormément de fierté, un plaisir dingue. Nous étions chez nous, dans une salle pleine à craquer, il y avait du monde partout. C’était génial. Il y avait beaucoup de fierté car en plus, la majorité des joueuses ont été formées à la SIG ou étaient alsaciennes».
Bercy, enfin du bon côté
La fête terminée, l’équipe se remet très vite dans le bain. Durant la saison, elle s’est une nouvelle fois qualifiée pour la finale du trophée Coupe de France et voudra enfin décrocher un titre qui la fuit depuis deux ans : « Nous avons mis les choses dans leur contexte, en séparant les compétitions. Les Playoffs contre Nice avaient toute notre attention. Quand c’était fini, c’est seulement à ce moment que nous nous sommes concentrés sur la finale du trophée coupe de France. Pour celles qui avaient déjà connu les précédentes, il y a avait un peu plus d’appréhension. Mais avec la montée dans la poche, nous sommes allés à Bercy avec un poids en moins et peut-être, plus de plaisir. Il y avait encore ces fantômes des dernières années, c’est vrai, mais avoir dans l’effectif des nouvelles joueuses nous a aidé. Elles n’ont pas connu les finales précédentes et elles nous ont poussé à chercher ce petit point qui a fait la différence ».
Car le match face à Laveyron fut serré : 62-61. Un petit point qui faisait, cette fois, tomber la pièce du bon côté : « C’est une sensation dingue. Ces défaites de un et deux points que nous vivons les dernières finales nous ont beaucoup affecté. Là, ça s’inverse et c’est tellement différent. Pour la ville, le club, c’était fou ». La coupe de France rentre à Strasbourg et viendront encore s’ajouter un titre de champion de France de Nationale 2 face également à Laveyron, mais cette fois-ci à Saint-Etienne et la coupe du Crédit Mutuel : « Les quatre sont importantes, même la coupe du Crédit mutuel qui nous permet de clôturer du mieux possible la saison. Mais clairement, c’est la montée qui conditionne le reste. Ce mois de mai a été éprouvant, mais c’était tellement grisant. Rien que d’y penser, cela me donne des frissons. Nous avons tellement travaillé pour retrouver ce niveau, dix ans que nous voulions remonter et cela rend les choses encore plus belles ».
Et s’il s’agit de décrire cet opus 2007-2008 en un mot, Philippe n’hésite presque pas : « Magnifique », ou peut-être bien « indescriptible », voire « irrationnel ». Et si encore aujourd’hui, il se demande quel superlatif collerait le mieux, c’est bien parce que son équipe lui a fait vivre une saison exceptionnelle.
Crédit photo : FFBB


