Voyage au cœur du basket européen
Chargé de développement dans le Grand-Est auprès de la Fédération Française de Basket-Ball, Corentin Rodriguez a connu un été 2018 riche. Parti pour plusieurs mois à travers l’Europe du sud, il a vécu au rythme de la balle orange et s’est imprégné des plus belles ambiances et histoires espagnoles, italiennes, serbes ou encore grecques.
Real Madrid, Allen Iverson puis l’Euroleague…
Ma mère est italienne et mon père est espagnol. Un ultra du Real Madrid en plus, et tout ceci m’a toujours ouvert aux autres cultures. C’est en 2005, après avoir vu une vidéo d’Allen Iverson que j’ai commencé à vraiment m’intéresser au basket. Ce joueur, il m’a choqué, mais dans le bon sens du terme, par son élégance et son talent. Pendant les trois ou quatre années suivantes, je me suis mis à la NBA. Mais à Metz, il faut avouer qu’il n’y a pas une grande culture basket. J’ai ensuite été séduit par le basket espagnol. De par mes racines, j’ai regardé quelques rencontres et petit à petit, j’en ai eu assez de la NBA. Je suis plus passé sur la NCAA et avec le basket espagnol, je me suis ouvert à d’autres championnats européens, comme la Grèce ou l’Italie… et donc logiquement l’Euroleague et tout le basket européen. Cela colle plus au basket que je pratique, et que j’aime.
Aujourd’hui, je joue toujours, j’entraîne et j’étais également Président du premier club de basket 3×3 dans le Grand Est (Canal Basketball Association). Côté média, avec des amis, nous sommes à l’origine du Podcast de chez Ficelle où nous essayons de valoriser le basket français et européen.
Le « Basket Europe Tour », pourquoi ?
L’idée m’est venue de manière simple. Je terminais mes études et devais faire un mémoire pour valider mon Master. Je souhaitais vraiment travailler sur un projet concret dans le monde du sport, qui est ma passion. Il est très compliqué de décrocher un stage dans le domaine alors je devais me faire ma propre expérience. Que pouvais-je faire ? L’idée du tour d’Europe est donc apparue rapidement. Arrivant à la fin de ma vie étudiante, je n’aurai ensuite plus forcément le temps de visiter plusieurs villes sur un long laps de temps. Alors, c’était pour moi le bon moment, même si j’ai finalement dû renoncer à certaines villes, comme Séville ou Vitoria. Mais je me suis appliqué à visiter celles qui avaient un vrai intérêt pour moi comme Athènes, Thessalonique ou Belgrade. Et surtout, je ne voulais pas perdre le contact avec le terrain.
Je cherchais aussi à voir le poids des clubs dans les villes. Suivant les pays ou régions, c’était très différent. Barcelone par exemple est une ville très cosmopolite. En dehors des initiés, le Barça et l’Euroleague ne les intéressent pas plus que cela. Ils n’ont que la NBA en tête. En comparaison, Athènes, ils ont tellement une grande « fanbase » et une telle densité de clubs, qu’ils ont des références. Et puis tu as Bologne, Basket City. Là-bas, ils te font très vite comprendre que tu es dans un café de la Virtus ou de la Fortitudo et qu’il faut porter la bonne couleur quand tu y rentres (rires).
J’ai choisi ces pays pour plusieurs raisons : le coût, tout d’abord. Ensuite, je voulais des pays où je maitrise la langue, comme l’Espagne ou l’Italie. Puis je me suis axé sur la découverte. J’ai fait le bassin méditerranéen, c’était continu et cela rentrait dans mon budget. La Turquie, Israël ou la Lituanie, c’était trop cher et trop loin. Je devais cependant le faire cette année, avec aussi la Pologne ou la Bulgarie mais la pandémie est arrivée. Et l’ambition, l’an prochain, serait de faire un tour de France du basket.
Comment se sont passés tes contacts avec les clubs ?
Très surprenants, je dirais. Il y a différents niveaux de professionnalisme. Je les ai principalement contacté par mail, puis par téléphone si je n’obtenais pas de réponse et l’accueil était globalement excellent. Je suis arrivé la bonne semaine dans certains clubs, durant leur « media day ». Le Real Madrid a été très chaleureux, à Salonique, j’étais comme un des leurs, voire même un VIP. Mais certains clubs, comme Barcelone, ont dû annuler les interviews prévues, même s’ils se sont tout de même montrés arrangeants. Par contre, certains m’ont beaucoup déçus, comme la Fortitudo ou l’AEK Athènes. Mais ce sont des parties de l’aventure et cela n’aurait pas été pareil si tout avait parfaitement fonctionné.
Les éléments qui t’ont le plus marqués ?
Deux choses m’ont beaucoup marqué. Lors de mes passages en Slovénie, Croatie et Serbie, c’est ce qu’ils dénomment le Balkan spirit. Tu peux l’apposer à différents types de basket bien sûr mais c’est dans les Balkans que cela prend tout son sens. Cette opiniâtreté, qu’ils nomment « INAT » et qui les poussent à toujours se battre, ne jamais lâcher. Et c’est quelque chose que j’aimerais insuffler au basket français. Cet esprit conquérant, cela m’a marqué positivement. Ensuite, il y a ma rencontre avec Vassilis Spanoulis, une légende du basket. Elle a été marquante pour plusieurs raisons. C’est une de mes idoles, je le suis depuis tellement d’années alors le rencontrer signifiait tellement pour moi. C’était aussi la fin de mon voyage, le début de ma vie professionnelle. Et tout simplement de par sa personnalité, tellement simple. Il s’était notamment renseigné sur mon compte avant notre entrevue pour savoir qui j’étais. C’est peu pour beaucoup mais cela montre tout de même le type de personne qu’il est.
Qu’aimerais-tu apporter aux autres après ce voyage ?
J’aimerais instaurer plus de culture dans le basket, plus d’échanges. Globalement, ce que tu peux trouver autour des matchs, avant, pendant et après, notamment en Alsace. Les fondamentaux aussi, apprendre aux plus jeunes à tout d’abord maîtriser les bases du jeu avant de vouloir marquer du parking et enfin, leur dire de tout donner dès lors qu’on entre sur un terrain, pour ne jamais rien regretter. Il ne faut pas faire les choses en demi-teinte.
Un peu comme Corentin a vécu son voyage.
Pour voir le film, c’est ici :


