Ebuka Izundu, son scouting report

La signature du pivot Nigérian Ebuka Izundu (2m08, 107kgs, 24 ans, statut Cotonou) divise quelque peu les nombreux suiveurs du basket en Alsace. Pour Dunk’Heim, MJ Bball Scouting revient sur cette nouvelle arrivée, qui enthousiasme autant qu’elle ne questionne.

En effet, à la lecture de ses statistiques la saison dernière à Séville (15e sur 18 en Liga ACB, coéquipier de l’ancien excellent Sigmen AJ Slaughter ; 4,2 points, 3,1 rebonds et 0,5 contre en 13 minutes), on peut être quelque peu circonspect si on s’y limite.

Tout d’abord, il est important de placer cette ligne de statistiques en perspective. Ebuka Izundu a commencé le basket sur le tard à 15 ans et de façon vraiment organisée à 17 ans. Avant cela, il jouait au football dans son pays natal puis a déménagé aux Etats-Unis à Charlotte (Caroline du Nord) à 17 ans.

C’est là qu’il a commencé à réellement apprendre son métier, au sein de la Victory Christian Center School (lycée à Charlotte), débutant d’ailleurs comme poste 4 avec un physique plus fluet que maintenant. Immédiatement dominant grâce notamment à des aptitudes physiques innées, il tournera à 18 points, 12 rebonds et 6 contres, puis à 21 points, 15 rebonds et 6 contres lors de ses 2 saisons de lycée.

Son nom placé sur la carte rapidement, il choisit alors l’université des Hurricanes de Miami, une équipe moyenne de la très relevée conférence ACC, une des 5 conférences High Major du pays. Pendant sa saison freshman (1ère année), il sera la doublure du désormais ex pivot de l’Asvel Tonye Jekiri (qui vient de s’engager pour 2 saisons avec Vitoria en Euroleague) qui effectuait lui la 4e et dernière saison de son cursus (senior year). Un bon guide pour continuer son apprentissage en vitesse accélérée !

Remplaçant également les 2 années suivantes, il se verra confier la place de poste 5 titulaire des Hurricanes lors de la saison 2018-2019. Cela vaut ce que ça vaut, c’est à dire une valeur anecdotique plus qu’une valeur absolue (j’insiste sur le côté anecdotique), mais Izundu bouclera sa saison senior avec des statistiques supérieures à celles de Tonye Jekiri au même stade.

– Stats 2018-2019, Miami Hurricanes, Conférence ACC, 32 matchs :

10,9 points à 65,3% aux tirs (147/225), 68,4% aux lancers (54/79), 8,3 rebonds (dont 3,5 offensifs), 1,0 passe décisive, 0,8 interception, 1,2 contre, 1,4 balle perdue et 3,2 fautes de moyenne.

A noter ce que ses statistiques offensives et défensives avancées étaient également de très bonne facture, ce qui est en général encore plus parlant que les statistiques brutes d’un joueur comme celles ci-dessus.

Non drafté sans surprise, il trouva quand même un spot au sein de l’équipe de summer league (ligue d’été pour permettre aux équipes NBA de tester des joueurs, notamment des jeunes sortant de fac ou des prospects internationaux) des Golden State Warriors, avec qui il prendra part à 4 matchs à Las Vegas. Avec 5,3 points et 6,0 rebonds en 14 minutes de moyenne, il s’en sortira de façon fort honorable et ralliera quelques mois plus tard la Liga ACB, reconnue quasi unanimement comme le meilleur championnat en Europe.

Une découverte du Vieux Continent pas évidente au sein de cette ligue extrêmement compétitive, dans une équipe en difficulté qui flottait juste au-dessus de la ligne rouge synonyme de relégation potentielle. Une grande part des rookies (débutants) arrivant en Europe connaissent un réel temps d’adaptation, quelque soit le pays dans lequel ils arrivent. Changement de culture, changement d’ambiance par rapport aux campus universitaires animés, parfois solitude et mal du pays, soit beaucoup d’éléments extérieurs pouvant se révéler perturbateurs. A cela, s’ajoute la partie sportive de l’équation, avec un jeu beaucoup plus dur physiquement et poussé tactiquement qu’à la fac, où ces jeunes joueurs ont en général un statut de star. En Europe, ce sont plus ou moins des anonymes dans des villes plus ou moins grandes et intéressées à des degrés divers par le basket, avec des installations rarement aussi grandioses qu’en NCAA (championnat universitaire américain disposant de moyens colossaux), un suivi personnel bien moindre également, mais bien plus de facettes technico-tactiques à apprendre et assimiler.
Avec ces éléments, vous aurez compris pourquoi une saison rookie peut s’avérer périlleuse, alors imaginez quand celle-ci se passe dans le meilleur championnat en Europe, dans un contexte avec la pression d’un maintien à assurer.

Avec 4,2 points à 55,6% aux tirs, 57,9% aux lancers, 3,1 rebonds et 0,5 contre en 13 minutes, Izundu aura fait ce qu’il a pu, mais surtout aura emmagasineé une expérience énorme pour la suite de sa carrière ! A Strasbourg, aux côtés du all-star Yannis Morin, on devrait voir les fruits de cette première expérience où il aura tantôt été impactant, tantôt pataugé.

Pour donner sa pleine mesure, le premier souci qu’il devra régler sera sa gestion des fautes. En 13 minutes, commettre 2,8 fautes de moyenne est énorme et pénalisant. En travaillant avec le staff tout neuf et dynamique de la Sig Strasbourg, il devra progressivement gommer ce défaut pour être en mesure d’assurer 15 à 20 minutes de la façon la plus régulière possible. En parvenant à cela, il pourra exprimer la plénitude de son impact défensif, qui peut se révéler vraiment prépondérant. Avec sa taille, sa mobilité et sa vitesse, il est par exemple capable de convenablement contenir les joueurs extérieurs après des switchs défensifs sur pick&roll, qualité très recherchée dans le basket moderne.

En revanche, s’il est puissant dans ses mouvements, il manque encore de dureté à l’impact, ce qui a aussi été une source de prise de fautes cette saison. Mais à seulement 24 ans et vu sa carcasse, là aussi sa marge de progression est impressionnante et le public strasbourgeois devrait le voir s’améliorer tout au long de la saison. C’est du moins ce que je pense !

Pour finir, au niveau offensif, il ne faudra pas s’attendre à de jolis mouvements postes bas avec gros travail de feintes, d’appuis etc… De ce côté du terrain, avec ses 8 ans de basket derrière lui dont 6 seulement en contexte organisé, il se limite encore essentiellement à de la course et du jeu sur pick&roll, conclus par des dunks souvent féroces ! Pour autant, son hook (tir en crochet) main gauche commence à avoir réellement du toucher et son tir au poste haut à 4-5 mètres se met doucement en place. Pas si mal pour un joueur au profil de rim protector (joueur défensif qui protège bien l’accés à son panier), actif aux rebonds défensifs et offensifs, qui en est encore aux prémices de sa jeune carrière et qui apprend encore les ficelles et les fondamentaux de son sport. Surtout à un tarif normalement raisonnable.

 

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