Interviews

Antoine Marx, « Il ne faut surtout pas lâcher ! »

Antoine Marx SIG

Antoine Marx (meneur, 20 ans, 1m88), ancien joueur du centre de formation de la SIG Strasbourg, où il a gagné deux fois la Coupe de France U17, mais aussi le SIGoh Lanta organisé par le club alsacien en 2017, rejoint l’équipe du Vogesia Holtzheim la saison prochaine. Il vient de réaliser une seconde saison complète en NM3 avec la SIG inscrivant 10,87 points de moyenne.

Comment décrirais-tu ton style de jeu et comment aimes-tu évoluer sur un terrain?

J’ai été formé au poste de meneur mais, depuis que j’évolue en NM3, je joue plutôt au poste deux. Je suis un joueur gaucher avec une bonne vision de jeu. Altruiste, j’ai un style de jeu porté sur le collectif. Comme je ne suis pas très physique, je joue plutôt avec ma tête. J’aime bien faire la passe de plus et être l’initiateur de jeu. J’aime en fait créer pour trouver la bonne situation afin de libérer mes coéquipiers, ou trouver une situation de tir. J’ai aussi un shoot à trois points fiable.

J’aime bien les phases de transition et le jeu rapide, car il y a plus d’espaces pour que je puisse m’exprimer. J’apprécie aussi les phases de pick and roll, mais je ne suis pas trop porté vers le drive car, avec mon physique, je me fais vite bousculer dans la raquette. Sur les phases de pick and roll, je suis surtout bon dans l’analyse de la situation donc je m’adapte soit en faisant une passe, soit un stop-tir. Le coach de la NM3, Daniel Meyer, voulait que je sois plus dans le scoring et que je me fatigue moins à porter la balle, donc l’an dernier je sortais plus des écrans non porteurs pour être libre dans des situations de catch and shoot. Depuis petit, j’aime beaucoup le style de jeu de Rajon Rondo (meneur NBA des Los Angeles Lakers). Il fait des passes très artistiques et il a une belle vision du jeu, il a toujours la tête levée ! C’est le joueur qui m’a inspiré. Par la suite, je devrai améliorer ma main droite et me renforcer physiquement pour être plus agressif et pénétrer davantage dans la raquette.

Peux-tu revenir sur ton parcours ?

J’étais au Pôle Espoirs en jouant en minimes France à la SIG. Puis j’ai intégré le centre de formation de la SIG Strasbourg, j’ai gagné deux fois la Coupe de France U17 lors de mes deux premières années. Au début de ma troisième année (synonyme de dernière année cadet), j’ai connu une rupture des ligaments croisés, donc une saison blanche pour moi. À la fin de cette saison, je n’ai pas été conservé par le centre de formation pour jouer en Espoirs. J’ai intégré à la place le groupe sénior de NM3, mais, comme c’était ma saison de reprise, j’ai surtout joué avec la deuxième équipe en pré-régionale sous les ordres de Daniel Meyer. Il est ensuite devenu le coach de l’équipe de NM3 et il m’a aussi fait confiance à ce niveau. J’ai eu vite beaucoup de temps de jeu et des responsabilités. Cela m’a bien formé et m’a permis de prendre plus de leadership. En plus, pendant ces deux dernières saisons de NM3, je jouais avec beaucoup de jeunes avec qui j’avais déjà joué. En parallèle, j’ai fini ma licence cette année et je vais enchaîner avec un master DSCG en alternance avec pour objectif de devenir expert-comptable.

Quels étaient tes objectifs en début de saison ?

Je ne me fixe pas d’objectif individuel, car pour moi, le basketball est d’abord un sport collectif. Je préfère gagner dans une équipe où tous les joueurs mettent dix points plutôt que de perdre en ayant quinze points de moyenne… En début de saison, je voulais surtout continuer ma progression. J’avais déjà joué l’année d’avant plus de trente minutes par match. Je savais que Daniel Meyer comptait beaucoup sur moi.

Pourquoi as-tu décidé de rejoindre le Vogesia Holtzheim ?

J’ai décidé d’aller à Holtzheim car Patrice Koenig, l’entraîneur du club, m’a proposé le projet de m’entraîner avec l’équipe une et de jouer quelques matchs, selon les opportunités, en NM2. Je jouerai aussi en parallèle avec l’équipe réserve, en pré nationale. On m’a plus pris pour évoluer en tant que meneur, pour que j’organise davantage le jeu et que je sois moins dans le scoring. L’objectif est que j’intègre, dans un an ou deux, l’équipe de NM2 à part entière. C’était un choix difficile de partir de la SIG, je sors de ma zone de confort, cela faisait dix ans qu’y jouais, en plus j’y étais depuis longtemps avec mes meilleurs amis Hugo Danner et Maxime Abah. Cependant, depuis trois ans, on jouait surtout le maintien en NM3, car la priorité est plus donnée aux filles. Je me suis dit que m’entraîner tous les jours avec des joueurs plus expérimentés, qui ont de la bouteille, me permettrait aussi de passer un palier. Holtzheim est une belle opportunité pour que je puisse progresser. C’est un nouveau défi que je me fixe, je suis prêt à le relever et j’ai surtout hâte de commencer

Quels éléments te feront dire, dans un an, que ta saison est réussie et où aimerais-tu être dans 3 ans ?

Ce serait que j’intègre complètement l’effectif de NM2. En pré-nationale, il faut d’abord voir avec le coach quel est l’objectif collectif, mais aussi qu’on soit le plus compétitif possible. Je souhaitais devenir joueur professionnel en centre de formation. Mais, après ma grave blessure, je me suis rendu compte qu’il y a des éléments non contrôlables qui peuvent faire qu’une carrière sportive se finit très vite… J’ai poursuivi les études à côté, car j’ai toujours su qu’il fallait que j’ai un double projet. Depuis trois-quatre ans, le sport est plus un loisir, mais je souhaite jouer le plus haut possible. J’aimerais à terme pouvoir viser le niveau NM2 puis, pourquoi pas, la NM1. Allier le travail avec le sport de haut niveau : c’est mon objectif. J’ai postulé à plusieurs cabinets pour un contrat en alternance mais, avec le contexte actuel, j’ai eu peu de retours. Finalement, j’ai été très heureux d’être accepté par un cabinet ! En tout cas, j’ai envie de continuer mes études pour décrocher un diplôme d’expertise comptable.

Comment avais-tu réussi à te relever de ta grave blessure et ton départ prématuré du centre de formation ?

Au centre de formation, on était très bien entouré par les coachs et le kinésithérapeute. Surtout, ce qui m’a aidé c’est d’être toujours bien entouré par mes amis. Tous les jours, je venais à la salle pour faire ma rééducation. Le fait d’être toujours avec eux dans les déplacements, de ne pas avoir été écarté, cela m’a énormément aidé. Mon départ du centre de formation a été très dur. Je voulais vraiment jouer en championnat Espoirs avec mes amis. Au début, cela m’a fait bizarre, mais quand je suis arrivé en NM3 on m’a très bien accueilli et, finalement, c’était une super expérience et je ne regrette pas du tout d’avoir quitté le centre.

Pour un joueur plus jeune, quels conseils donnerais-tu pour surpasser ces épreuves ?

Il ne faut surtout pas lâcher ! J’ai connu une grave blessure à 18 ans donc, même si tu as une blessure jeune, que tu passes une saison à ne pas jouer et que tu dois quitter un centre de formation, il faut toujours se dire qu’on a toute notre vie devant nous pour progresser. Cela reste du sport, il ne faut pas s’enfermer et se lamenter : il faut rester positif. On peut toujours surmonter ces épreuves avec ses coéquipiers et son entourage. En plus, c’est ce qui permet de devenir plus fort et de se forger un caractère. Une carrière peut se faire jusqu’à 35 ans, à 18 ans tu n’es donc qu’à la moitié de ton parcours : tu peux encore énormément progresser.

Laisser un commentaire