Nadir Hifi, « prouver que j’ai le niveau »
Boris Dallo et Mehdy Ngouama ne seront pas les deux seules connaissances du basketball alsacien à évoluer sous les ordres d’Eric Girard, à l’ESSM Le Portel, la saison prochaine. Nadir Hifi (né en 2002, 1m83), médaillé de bronze avec l’Algérie lors de la Coupe d’Afrique U16 en 2017, rejoindra aussi la Côte d’Opale, après une saison 2019/2020 complète en NM3 à la SIG (14,47 points de moyenne).
Bonjour Nadir. Tout d’abord, comment s’est passé ton confinement ?
Dès que j’ai appris qu’il y aurait un confinement, j’ai demandé au préparateur physique de la SIG de me faire un programme sprint et musculation pour garder la forme. Je faisais deux séances par jour, une le matin et une soir. J’ai passé plus de temps avec ma famille, qui est à Illkirch, car pendant la saison, entre les cours et le basket, ce n’était pas toujours facile. J’étais aussi en négociation avec plusieurs clubs, mais c’est mon agent qui s’en occupait et, il y a une semaine, cela s’est décidé que j’intégrais le centre de formation du Portel.
Comment décrirais-tu ton style de jeu et comment aimes-tu évoluer sur un terrain?
Je suis un combo guard scoreur, qui aime porter la balle, mon modèle serait Shane Larkin, joueur Euroleague de l’Anadolu Efes. J’aime jouer dans un style de jeu rapide, notamment dans les phases de contre-attaque, que ce soit via des pénétration ou en sortie d’écran. Mon point fort est ma rapidité et mon dribble, ma capacité à faire la différence en un contre un. J’ai plus de mal sur le jeu placé, je dois encore progresser dans la lecture.
Peux-tu revenir un peu sur ton parcours ?
J’ai évolué en minimes France à la SIG, à la fin je voulais intégrer un centre de formation, mais, à cause de mes notes, ce n’était pas possible. J’ai continué en cadets région à la SIG, j’ai beaucoup travaillé à l’école cette année là pour rejoindre un centre de formation, mes notes sont montées et j’ai passé plusieurs tests. Finalement, j’ai intégré celui du Lille Métropole Basket Club. Lors des détections je communiquais beaucoup, le coach de l’équipe U18 a du penser que j’étais un meneur organisateur, résultat mes qualités étaient en décalage avec ce qu’il attendait de moi. Je m’entrainais aussi avec les professionnels, où cela se passait mieux, car Jean-Marc Dupraz, le coach de l’équipe une, m’aimait bien. Vivre là-bas coûtait aussi trop cher pour ma famille, mes parents ne pouvaient pas financer une deuxième année. Je suis donc rentré en Alsace pour jouer avec l’équipe de la SIG, en NM3.
Quels étaient tes objectifs en début de saison ?
J’ai loupé toute la préparation car j’étais avec l’équipe nationale d’Algérie, je suis rentré début septembre. Mon objectif était au début de gagner ma place puis de faire mes stats car je souhaitais retourner dans un centre de formation. Je voulais prouver, me faire connaître en Alsace, puis trouver un centre de formation.
Quels sont les petits détails qui t’ont permis de rebondir après l’échec de Lille ?
Le fait de me remettre en question, de travailler encore plus et d’avoir une stratégie : je me suis dit que si je venais en NM3 j’aurais du temps de jeu avec un coach qui me connaît et qui me fait confiance. Au début de saison, j’étais souvent le back up de Hugo Gancarski. Mais, à la fin de la saison, j’étais plus régulièrement titulaire. J’étais en balance avec Antoine Marx, dans tous les cas on avait tous les trois beaucoup de temps de jeu. Si j’ai réussi aussi, Daniel Meyer, mon entraîneur, y est pour beaucoup. En dehors des terrains, il m’a aussi beaucoup aidé pour la rédaction de mes lettres de motivation et de mon CV afin que je puisse intégrer un centre de formation. Puis, le fait d’être aussi avec mes parents, c’était très important pour moi.
Qu’est-ce que jouer en sélection t’a apporté ?
Jouer pour l’équipe d’Algérie c’est ce qui m’a permis de me propulser vers le haut. La Coupe d’Afrique U16, en 2017, que j’ai fait avec un an d’avance, m’a apporté beaucoup de confiance et de l’expérience. C’était incroyable, j’ai joué contre des joueurs qui sont très forts physiquement, qui évoluent maintenant en NCAA, cela m’a beaucoup aidé. L’intensité et l’impact physique en Afrique c’était très différent. Il y a la Coupe d’Afrique U18 cette année, mais je ne sais pas comment cela va se passer.
Quels sont tes objectifs pour la suite au Portel ?
J’avais plusieurs choix de centre de formation, la plupart en Pro B, ceux de Jeep Elite avaient déjà leurs joueurs et, à cause de la crise sanitaire, ils avaient moins de budget pour signer de nouveaux contrats. En accord avec mon agent, il fallait que je joue en Espoirs pour que je gagne de la visibilité et m’entrainer en parallèle avec l’équipe professionnelle. Je dois faire la préparation avec eux d’ailleurs. Au Portel je connais déjà quatre-cinq espoirs dont Nicolas Girondin, qui jouait avec moi à Lille.
Quels éléments te fera dire, dans un an, que ta saison est réussie ?
Mon but est déjà de prouver que j’ai le niveau Espoirs et ce que je sais faire. Je me suis déjà entraîné avec des professionnels et je pense vraiment être capable d’apporter. J’ai envie de continuer à beaucoup travailler pour ne pas avoir de regrets. Ensuite, la récompense serait de pouvoir signer un contrat à la fin de la saison. En parallèle, je continuerai aussi mes études en économie et gestion.
Crédit photo : FIBA