Portraits

Michael Oguine, un nouveau venu plein d’avenir

Ces dernières semaines, le BC Souffelweyersheim a bien avancé sur son recrutement estival. Si des cadres ont prolongé (Jason Bach et Sylvain Sautier), le club alsacien va également proposer de nouveaux visages à la Pro B, comme Michael Oguine.

Ses parents ont rejoint le pays de l’Oncle Sam au début des années 90. Ce n’est que quelques années plus tard que Michael voyait le jour, à Los Angeles. D’origine nigériane, ses parents étaient eux naturellement tournés vers le football et ne connaissaient, selon les dires de leur fils, « pas grand-chose au basketball ». Mais dans la cité des Anges, disons que la place du Soccer n’était pas très grande, surtout si on la compare à celle des Lakers ou même des Clippers. Et c’est avec la mythique franchise pourpre et or que Michael découvrait la balle orange. Il n’avait que trois ans : « Nous regardions les Lakers jouer à la télévision et notre maison avait un panier de basket installé sur un de ses murs. Après avoir regardé Kobe jouer, je sortais et j’essayais de tirer comme lui. Finalement, je suis tombé amoureux du basketball ».

C’était désormais sa nouvelle passion. Bien qu’il s’essayât à d’autres disciplines, comme le Foot US, il était trop obsédé par le basket pour laisser les parquets de côté. Il en était déjà convaincu, c’est dans cette voie qu’il voulait percer et de ce sport qu’il voulait vivre : « Je ne voulais pas me concentrer sur d’autres sports. C’était basket, basket, basket. Et puis je voulais être comme Kobe Bryant. A 16 ans, j’ai reçu une première offre de bourse pour le basket et j’ai alors compris que j’avais une réelle chance de faire carrière dans ce sport ». Même si cela ne marquait qu’un début et pas une fin en soi.

Montana, son université

De sa Californie natale, Michael prenait ensuite la direction du nord, vers le Montana. Il y passait la totalité de son cursus universitaire, soit quatre saisons (2015-2019). Les deux premières années, il apparaissait plutôt en retrait, la faute notamment à une vilaine blessure le privant de plusieurs semaines de compétition : « Ma deuxième saison (11,92 points de moyenne) ne s’est pas très bien passée. Je me suis cassé ma main de tir, donc je n’ai pas réalisé la performance que j’attendais ». Reculer, d’une certaine sorte, pour mieux sauter. Les deux saisons qui suivaient, Michael était un autre joueur. Plus expérimenté, il explosait et réalisait certainement sa meilleure saison. Lui, du moins, le juge comme cela : « Lors de ma troisième et quatrième saisons, nous nous sommes réunis entre joueurs et avons fait des sacrifices pour le succès de l’équipe. Nous avons tous travaillé très dur.  Ma meilleure saison à l’université a été ma troisième année (15,79 points de moyenne à 46% de réussite, 5,53 rebonds et 1,98 passe décisive). J’étais déterminé à montrer à tout le monde à quel point mon jeu s’était amélioré et on m’en a donné l’occasion. J’ai été nommé joueur défensif de l’année (2018) et j’ai aidé mon équipe à atteindre la March Madness pour la première fois en quatre ans. Même si je crois que j’ai eu une bonne dernière année, mes statistiques n’ont pas nécessairement montré d’amélioration car notre équipe avait beaucoup de profondeur ».

Cette March Madness qui l’a vu, deux années de suite, être éliminé dès le premier tour. A chaque fois, le même bourreau : l’université de Michigan : « C’est l’un de mes plus grands regrets. J’étais très heureux de participer au tournoi bien sûr, mais j’avais l’ambition d’aller plus loin dans la compétition ».

Au sortir de ces quatre saisons, Michael n’était plus le même joueur. Il a grandi et a appris : « J’ai appris ce qu’il faut pour devenir un champion. Nous nous sommes maintenus à un niveau très élevé et nous avons essayé d’être la meilleure équipe chaque année. Lors de ma première saison, nous étions très proches de remporter un championnat, chose que nous avons réussi à faire lors des deux dernières saisons ». Surtout, il a rempli son armoire de quelques trophées : nommé dans le deuxième cinq de la Big Sky Division en 2018 et dans le troisième cinq en 2017 et 2019, joueur défensif de l’année en 2018 ou encore MVP du tournoi final de sa division, en 2018 toujours.

Le faux espoir turc

Son cursus se terminait en 2019, après le second revers face à Michigan. Une dernière sortie de 31 minutes à 3 points et 4 rebonds. Durant l’été, Michael voyait ses premiers contacts avec le Vieux Continent se nouer. La Turquie et sa seconde division devaient l’accueillir mais au dernier moment, son club de Duzce Belediye décidait de couper le jeune arrière. Une décision difficile pour lui : « J’ai été déçu de ne pas avoir pu jouer en Turquie l’année dernière. J’ai dû faire face à une situation médicale inconnue qui a nécessité la prise de certains médicaments. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre et je suis autorisé à jouer à nouveau ».

Malgré ce coup dur, son envie de découvrir le basket européen demeurait intacte : « J‘ai passé l’année à m’entraîner, à étudier des vidéos sur le jeu européen et à me tenir prêt au cas où une autre opportunité se présenterait. J’ai également passé mon temps à poursuivre un master en administration des affaires et à former des jeunes ». Et cette curiosité pour le basket du vieux continent, si différent de celui pratiqué outre-Atlantique, il la cultive depuis de nombreuses années. De là à dire qu’il était prédestiné à cette forme de jeu ? « J’ai toujours été fasciné par le basketball européen et la vie en Europe en général. Le jeu se joue différemment de celui que nous pratiquons ici aux États-Unis et j’ai considéré cela comme un nouveau défi pour moi. Je savais que j’aurai de bonnes opportunités pour construire ma carrière en Europe, alors j’ai voulu m’y mettre tout de suite ».

Souffel’, ses vrais débuts

Finalement, tout le monde du basket (et du sport) s’est vu être arrêté bien avant la fin officielle de la saison. Michael, lui, n’aura connu cela qu’avec quelques mois d’avance. Désormais, son prochain objectif s’appelle Souffelweyersheim. Et le jeune arrière de 23 ans y arrivera avec une grande faim : « Mes objectifs seront d’aider le club à s’installer de manière durable en Pro B. Je n’ai pas pu jouer la saison dernière, donc je suis prêt à donner toute mon énergie pour que le club réussisse. Je ne prendrai jamais aucun moment pour acquis ». Pourtant, lorsqu’il a, pour la première fois, entendu parler du BCS, quelques recherches s’imposaient : « Je dois avouer que lorsque j’ai appris que le club s’intéressait à moi, je suis allé sur Internet et j’ai fait beaucoup de recherches. J’ai appris qu’ils ont récemment été promus en Pro B, ce qui est une grande réussite. J’ai également appris que l’entraîneur Stéphane Eberlin est l’un des meilleurs entraîneurs de la ligue. Le directeur général Christophe Ruqueboeuche m’a informé que le gymnase est en feu à chaque match et que le slogan de l’équipe est : plus qu’un club, une famille ! J’ai hâte de jouer devant les fans ».

Passé les présentations, Michael s’est attelé à observer plusieurs matchs de sa nouvelle équipe. Dans une formation à la réputation défensive, il devrait s’y plaire, lui qui a pu évoluer dans un style s’y rapprochant lors de son passage à l’université : « À l’université du Montana, nous étions connus pour être la meilleure défense de la ligue. Je crois que la défense est la clé pour gagner des championnats. Je suis heureux de pouvoir aider à renforcer la défense de l’équipe, qui est déjà très bonne ».

Joueur athlétique, ses qualités de jeu ne se limitent pas à la défense : « Je suis capable de jouer aux deux postes extérieurs et j’ai un ensemble de compétences polyvalent. Quand j’ai le ballon dans les mains, j’ai la capacité de pénétrer dans la défense puis de ressortir sur les tireurs ou de terminer au panier. Lorsque je n’ai pas le ballon, je peux aussi jouer en catch & shoot à trois points ». Michael présente donc une habilité à évoluer sur les postes 1 et 2. Et s’il devait choisir entre les deux, difficile pour lui de dire sur lequel il préfère jouer : « Je dirais les deux. Pendant ma carrière universitaire, j’ai joué aux côtés de meneurs, donc je me suis naturellement retrouvé à jouer souvent arrière. Cependant, je me sens aussi à l’aise en tant que meneur dans certaines situations de jeu. J’arrive à bien lire les schémas défensifs adverses tout en appliquant une pression constante lorsque nous défendons ».

Il ne reste désormais plus qu’à Michael de découvrir son nouvel environnement et sa nouvelle région. Grand fan de football (un héritage familial), il devrait se retrouver comblé à Strasbourg pour aller voir le Racing ou même des matchs de Bundesliga, voire de l’équipe de France. Puis, il a tout simplement hâte de découvrir la région et ses habitants : « J’ai aussi entendu dire que l’Est de la France est un bel endroit, plein de gens sympathiques. Je suis impatient de découvrir la vie en Alsace, tout en poursuivant mes rêves de joueur de basket professionnel. Je compte rejoindre la France dès que ce sera possible. Je pratique également mon français tous les jours pour essayer de m’immerger dans la culture. J’espère qu’un jour, je ferai une interview en français ».

Nul doute qu’avec tout ça, Michael Oguine pourrait laisser une vraie trace positive de son futur passage en Alsace. Et pour le mot de la fin : « Je suis juste très reconnaissant à Souffel’ de m’avoir donné cette grande opportunité et je suis impatient de me mettre au travail ».

Crédit photo : Montana University

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