Portraits

Kymany Houinsou, la tête dans les étoiles et les pieds sur terre

Il n’a pas encore 17 ans. Pourtant, Kymany Houinsou évolue depuis ses débuts (ou presque) avec des garçons plus âgés que lui. Actuellement à l’ASVEL, il grimpe les échelons un à un en ne se fixant aucune limite.

En 2004, son papa Samson Houinsou, évoluait à Pfastatt. C’est au tout début de cette année que le jeune Kymany (16 ans, 1m97) est né, à Mulhouse. En suivant au plus près les rencontres de son père, il démarrait logiquement par le basket au BCM, à trois ans pour être exact. Pfastatt, ce fut quelques années plus tard. Rapidement, le talent du jeune meneur éclos. Dès les poussins, il était surclassé. Lui, le 2004, partageait les parquets avec des joueurs nés en 2002 ou 2001. Après sa première année en benjamins, il marchait encore un peu plus sur les pas de son père en rejoignant Pfastatt. En 2017, il décrochait avec ses coéquipiers et son coach de l’époque Jean-Luc Monschau, un titre de champion de France. Inattendu pour beaucoup mais pas pour eux, après avoir éliminé la SIG Strasbourg, Nancy, Marne-la-Vallée ou encore Roanne et Dax lors du Final Four. Un succès qui marquait encore un peu plus les prémices d’une belle carrière qui s’ouvrait à certains d’entre eux.

Durant ces deux belles saisons à Pfastatt, Kymany fréquentait également le pôle espoirs Alsace, à Strasbourg. Avec bien sûr, une année d’avance, mais est-il encore nécessaire de le préciser ? A l’issue de sa formation, un nouveau choix de carrière se présentait à lui, peut-être un des plus importants pour son jeune âge. Son talent inné et peaufiné durant les précédentes années avait fait naître l’intérêt de plusieurs équipes. La SIG Strasbourg, bien entendu, mais aussi Chalon-sur-Saône et l’ASVEL. C’est vers cette dernière que le choix de Kymany se portait : « Ce projet était le plus adapté pour mon profil. Je suis allé visiter les installations et très vite, ils ont su me mettre à l’aise. J’avais le sentiment d’être là depuis des années. Ensuite, les dirigeants du centre de formation de l’ASVEL m’ont fait comprendre que si j’étais bon, j’aurais tout de suite la possibilité de jouer. A la SIG Strasbourg, je n’avais pas forcément ces assurances ».

A Villeurbanne comme à la maison

Sa première année loin des siens, Kymany s’en est très vite accommodé. La connaissance de certains de ses coéquipiers aidant, il a pu s’adapter à son nouveau club et à de nouvelles attentes. Que ce soit chez les professionnels ou chez les plus jeunes, l’ASVEL est devenu en quelques années une locomotive pour le basket français qui voudra poursuivre sa marche en avant lors des prochaines saisons. En championnat U18, l’ASVEL réalisait un sans-faute : vingt victoires en autant de rencontres, avant de se faire éliminer en demi-finale par Bourg-en-Bresse, futur lauréat du tournoi. Une belle expérience pour Kymany qui avoue avoir beaucoup appris et gagné en confiance en soi durant cette année. Avec plusieurs performances à plus de 20 unités, il terminait l’exercice avec une moyenne de 9 points, 5 rebonds et 6 passes décisives sur un temps de jeu moyen oscillant autour des trente minutes.

La suite logique se faisait avec en 2019-2020 avec les espoirs de l’ASVEL : « Cette année, j’ai réellement progressé. Je l’ai remarqué car mes performances ont été meilleures en fin de saison. Malgré ma bonne année avec les cadets, j’ai démarré avec un petit manque de confiance en moi. J’intégrais un niveau plus élevé, je me mettais une pression pour jouer juste et essayer de plaire au coach. Au fur et à mesure, je me suis dit que je devais simplement jouer mon jeu et que l’entraîneur avait de toute manière confiance en moi. Le résultat s’est vu notamment lors des rencontres face à Bourg en Bresse ou Monaco. Je faisais des erreurs mais la confiance accumulée me permettait tout de même d’évoluer à un très bon niveau ». Toujours en avance sur son temps, il reconnait la chance qui lui est donnée d’être avec les Espoirs, à 16 ans : « Cette chance que j’ai d’évoluer avec les espoirs, ce n’est pas donné dans tous les clubs. Jouer avec un an d’avance, ce n’est pas compliqué. Quand je me fixe un objectif, je me donne les moyens d’y arriver. Peu importe le niveau de mes coéquipiers et adversaires, ou bien leur âge. Ce dernier n’est pas un facteur à prendre en compte car si tu es bon, tu joues, c’est tout ».

Petit point d’orgue de cette saison qu’il a terminé avec 3,5 points et 4,1 d’évaluation sur le territoire national, Kymany a pu disputer l’ANGT (Adidas Next Generation Tournament) avec son club. Cette compétition internationale réunit chaque année l’élite européenne des clubs et basketteurs en formation : « Déjà, c’est une vraie chance d’être sélectionné car il y a énormément de demandes pour y participer. Cette compétition te fait vraiment progresser. Tu te mesures à meilleur que toi et à ce qui se fait de mieux sur le continent. En plus, les équipes veulent réellement gagner ce tournoi et moi, ça me donne l’envie de revenir l’année prochaine pour montrer que je peux rivaliser avec les autres joueurs. Avec ces matchs, tu progresses sur tous les domaines ».

En même temps que les espoirs, le jeune mulhousien a intégré la TPAA, Tony Parker Adequat Academy, véritable lieu de vie mêlant partie sportive, médicale et étudiante : « Cette structure est adaptée à la réussite. C’est vraiment bien de réunir tous les côtés de notre formation. Par exemple à l’école, nous sommes en groupes réduits, ce qui nous donne plus de temps avec nos professeurs ». Les études restent très importantes pour lui. S’il représente un vrai espoir pour le basket tricolore, il n’oublie pas non plus qu’une carrière tient souvent à peu de choses.

L’argent avec les Bleuets

Avec ses qualités, « ma vision du jeu et mon drive main droite », mais aussi ses axes de progression « mon tir extérieur et l’attaque main gauche », la carrière de Kymany poursuivait une trajectoire ascendante avec l’équipe de France U16. A l’été 2019, il intégrait les Bleuets pour un championnat d’Europe en Italie, conclu sur la seconde marche du podium : « L’équipe de France était un objectif que je m’étais fixé, oui. Mais également un réel plaisir. La médaille d’argent n’est pas un regret pour moi bien que je considère encore aujourd’hui que nous avions les moyens de battre l’Espagne en finale. Après tout, nous ne sommes pas tous les jours vice-champions d’Europe. Notre parcours a été périlleux, face à la Serbie en poules ou la Croatie en quart de finale, les matchs ont été compliqués et nous aurions pu être éliminés bien plus tôt. C’est ce qui me fait finalement dire que cette médaille d’argent valide notre bon parcours ».

Sur ce tournoi, Kymany s’est également rapidement adapté. Connaissant bien les joueurs présents, il a pu s’acclimater à l’environnement international dès le stage à Bellegarde. Une preuve en est, lorsque le meneur affirme que son meilleur match sur cette campagne, a été la première rencontre face à la Bosnie : « C’est celui où j’ai le mieux joué, avec le plus de temps de jeu. En attaque et en défense, j’ai réalisé de bonnes performances ».

Pour la suite, il fait pour l’instant preuve d’une grande humilité. S’il avoue être fan et s’inspirer des plus grands comme Michael Jordan « plus jeune, je ne regardais pas de dessins animés mais des vidéos de Michael Jordan, il m’a inspiré. Mon père me passait tout le temps des vidéos de lui. Plus dans mon temps, il y a Lebron James que je suis depuis mes débuts ou encore Kevin Durant qui sait tout faire ». Il observe aussi ce qui se passe plus proche de lui : « A l’ASVEL, je prends Théo Maledon comme exemple. Sa concentration, son éthique de travail et le respect dont il fait preuve m’inspirent aussi ». Et marcher sur les traces du meneur actuel des professionnels de l’Asvel, ne serait pas forcément une surprise. Pourtant, Kymany ne se projette pas encore aussi loin, même s’il y pense fortement : « La carrière dont je rêve, être le meilleur joueur possible et accomplir tous mes objectifs. J’ai envie d’aller au plus haut niveau possible, ce qui veut dire la NBA. Mais ça commence étape par étape. Je dois d’abord finir mon parcours espoir. Ensuite, commencer à toucher du doigt le monde professionnel, avant l’Euroleague et alors seulement je penserai à la NBA. Mais j’avance pas à pas. Peu importe le chemin, je souhaite arriver au sommet ».

Mature malgré son jeune âge, Kymany emmagasine pour le moment une expérience conséquente. En attendant de pouvoir découvrir le monde professionnel, il garde encore soigneusement les pieds sur terre pour continuer de grandir.

Crédit photo : FIBA

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