Ishan Meyer, un maître du jeu
Cette période de confinement a donné des idées à beaucoup de personnes. Rayon basket, Ishan Meyer a mis en place une session ludique pour permettre à chacun d’approfondir ses connaissances des règles du jeu. Portrait de ce joueur qui a rapidement pris goût à l’arbitrage.
S’il est plus souvent reconnu sifflet à la bouche, Ishan a démarré comme joueur. Logique, en quelque sorte pour celui qui est né « un ballon entre les mains ». Le premier club à l’accueillir fut la Saint-Joseph Strasbourg, du Baby jusqu’à l’école de basket dirigée par Claude Kayser. Un crochet de quelques saisons par la Menora pour jouer avec ses amis précédait son retour à Saint-Jo’ pour reprendre le cours de sa progression. En minimes France, Ishan jouait pour l’Union Strasbourg (fusion Saint-Jo’ – Electricité de Strasbourg) jusqu’en pré-nationale, sa carrière prenant fin cette année : « J’avais beaucoup de choses à gérer. Les cours, les entraînements des catégories jeunes et l’arbitrage. Il a fallu faire un choix. Je voulais continuer à coacher pour rendre service à mon club, mais aussi car j’aime cette fonction. Ensuite, quand vous arbitrez à un niveau supérieur de celui auquel vous jouez, cela prime sur le reste. J’ai donc arrêté de jouer ».
L’arbitrage, une nouvelle passion
« J’ai commencé par arbitrer les poussins. Mon premier match ? J’avais 13 ans, je m’en souviens encore. C’était une rencontre d’entraînement entre les sélections du Bas-Rhin et du Haut-Rhin pour les entrées au Pôle Espoir Alsace. Déjà jeune, je comprenais plutôt bien le jeu et les retours suite à ma première prestation étaient positifs. De fil en aiguille, je m’y suis de plus en plus intéressé. A 16 ans, j’ai suivi mes premières formations départementales ». Depuis, Ishan a encore progressé : « aujourd’hui, je peux siffler jusqu’en Nationale 3 masculine et Nationale 2 féminine. Je me déplace essentiellement dans le Grand-Est ».
Prendre les rênes d’un match aussi jeune pourrait en déstabiliser un grand nombre. Avec un rôle pas toujours facile, Ishan lui profitait de ces expériences au cœur du jeu pour se responsabiliser et grandir. Son attrait pour l’arbitrage s’amplifiait encore au fil des années et après avoir été formé, il se glissait à son tour dans un rôle de formateur : « Je suis rapidement passé arbitre région. En 2015, je suis entré en filière Haut Niveau, c’est trois ans de formation pour aller arbitrer en Nationale 1 notamment. J’ai stoppé ce cursus après un an et j’ai préparé le concours championnat de France en 2016, ce qui me permet d’arbitrer aujourd’hui en N3 masculine et N2 féminines. L’information de mon inscription en filière était sue à l’époque par la ligue d’Alsace, qui m’a proposé de devenir formateur labellisé d’arbitres. Je me suis lancé dans cette nouvelle voie grâce à la confiance du CDO (Commission Départementale des Officiels) et la CRO (Commission régionale des Officiels), j’organise des formations et suis à disposition de la Ligue Grand-Est pour cela. Tout cela en 5×5 comme en 3×3 où je suis formateur et arbitre national ».
Son envie d’intégrer le cursus Haut Niveau à elle été mise quelque peu de côté tout d’abord : « J’étais trop jeune à l’époque. Intégrer une telle formation te demandait d’être déjà prêt pour ta future vie professionnelle. Mais maintenant que je suis plus mûr à ce sujet-là, je vais pouvoir me replonger dans ce projet ». A ce sujet, Ishan poursuit ses études en chimie. Une double-casquette pas évidente à gérer mais avec le temps, il a appris à manier le temps, entre la préparation à son agrégation et son maillot d’arbitre : « Cette saison écourtée m’a un peu aidé pour mes études. Sinon, je m’organise : du lundi au vendredi, ce sont les cours qui priment, parfois même le samedi matin. Mais dès le vendredi soir, je prépare mes matchs du week-end. J’effectue un rapport sur les équipes que je vais arbitrer, leurs forces et faiblesses mais aussi leurs dynamiques, les joueurs, etc… Histoire de connaître l’environnement de la rencontre. Ensuite, il y a tout le travail sur le contenu de formation qui est souvent à préparer de A à Z ».
En Alsace, Ishan juge d’ailleurs le travail accompli comme positif, avec des progressions intéressantes : « La principale difficulté pour l’arbitrage, c’est qu’en jeunes, tu es souvent tourné vers le jeu. Mais les clubs et structures proposent de plus en plus aux joueurs d’arbitrer les matchs pour diversifier au mieux les activités et que chacun puisse y trouver sa voie ».
« Know the game, know the rules »
Cette idée qui a fleuri sur Facebook depuis quelques semaines, Ishan en est à l’origine, seul. Le but était simple, proposer un autre contenu que des matchs et ainsi permettre au plus grand nombre d’aiguiser leurs connaissances avec des règlements toujours complexes : « Lorsque vous arbitrez, vous entendez beaucoup de choses, aussi bien justes que seulement partiellement. L’idée était d’avoir un échange avec plusieurs acteurs du basket pour développer les connaissances. Le règlement dicte le jeu alors il est important de faire comprendre certaines interprétations ».
Proposant en même temps les corrections, permettant ainsi partages et discussions, cette initiative pourrait ne pas en rester là : « Nous allons voir comment poursuivre tout cela. Peut-être est-ce une bonne idée de l’ouvrir à plus de monde ? Les contenus sont techniques mais pourquoi pas les rendre compréhensibles pour tous ? ». Des questions qui méritent d’être posées pour apporter une autre vision de l’arbitrage.
Après tout, l’adage est connu et s’applique aussi pour Ishan. Même s’il n’a plus le même maillot, il a toujours la même passion.