Ludovic Pouillart, le basket dans la peau (1/2)
Depuis son arrivée à Gries, Ludovic Pouillart a réalisé de grandes et belles choses. Pourtant, avant d’arriver au BCGO, sa carrière n’a pas été un long fleuve tranquille. Première partie.
Son enfance à Reims
Je jouais au foot à la base, dans mon quartier. J’ai également fait dix ans de judo. A 13 ans, ma voisine de l’époque m’a informé qu’un club de basket venait de se créer et qu’ils cherchaient des joueurs. Alors je me suis dit, pourquoi pas essayer, même si je restais partagé sur la pratique de ce sport. Je ne signais pourtant pas une licence de suite mais je jouais en extérieur. A la fin de la saison, le club organisait un tournoi auquel j’ai participé et j’ai été élu meilleur joueur. C’est alors que j’ai pris une licence et tout s’est accéléré : quand je terminais ma première année minimes, Reims est tout de suite venu me chercher pour jouer en U15 France et intégrer le pôle espoirs. J’y ai découvert le vrai basket et pour la petite anecdote, c’est cette année-là que je suis venu pour la première fois à Gries. A la fin de ma première année, j’étais surclassé en U18.
A la sortie du pôle, je devais choisir entre partir en centre de formation ou poursuivre avec Reims. L’équipe première avait déposé le bilan l’année précédente et évoluait en N3 (la N2 d’aujourd’hui). Il venait en plus de faire signer Francis Charneux, un entraîneur renommé. Ce dernier a fait l’effort de venir jusqu’à mon domicile pour rencontrer ma mère et me convaincre de rester. Grâce à cela, j’ai pu poursuivre le basket de haut niveau chez moi, en restant proche de ma famille et mes amis. C’est également à cette période que j’ai rencontré Thomas Lotz, le manager général de Gries aujourd’hui.
Une carrière de joueur… ou d’entraîneur ?
La première année à Reims, je ne pensais pas avoir beaucoup de temps de jeu. Mais Francis m’a très vite donné de belles responsabilités. J’ai joué meneur mais j’évoluais aussi arrière car j’avais une capacité à marquer des points. Francis, je l’observais beaucoup et il était très passionné comme entraîneur. Ce côté-là du sport m’a toujours intrigué et c’est ainsi qu’à 20 ans, j’ai commencé à entraîner les poussins. A Liévin, plusieurs personnes ont été marquantes pour ma carrière. M. Lampain, le président du club et Patrick Petit m’ont poussé pour que j’aille vers le haut niveau. Ils m’ont permis d’avoir de superbes générations à coacher, comme celle de Nando De Colo. C’est comme cela que je suis devenu ami et très proche avec lui et sa famille. Devenir coach a été une longue construction. Mais cette facette n’a pas toujours été simple à porter. Par exemple quand je devais rejoindre Orchies, le coach me disait « je veux signer le joueur, pas le coach ». J’avais déjà ma vision du basket et ça a créé des incompréhensions avec certains entraîneurs. Très tôt, certains staffs se posaient des questions quand ils voulaient me signer en tant que joueur.
Liévin et Basse Indre, des clubs marquants
A 29 ans, j’ai pris la décision d’arrêter de jouer. J’avais deux opportunités à ce moment-là : Lille me proposait de signer deux ans en tant que joueur ou alors je devenais coach à Liévin en nationale 1. Ils m’ont nommé entraîneur mais je n’avais que le tronc commun du BE2. Nous avions néanmoins une dérogation de la Fédération. Au bout d’un mois, le syndicat des entraîneurs est arrivé et nous dit que ce n’est pas normal que d’autres entraîneurs, diplômés, sont sans poste. Et au final, je n’ai pu entraîner à Liévin et me suis retrouvé moi aussi sans club. J’avais déjà commencé le recrutement et tout est tombé à l’eau. J’ai même pensé partir à l’étranger car je ne comprenais pas le principe du « tu es un jeune entraîneur, tu n’as pas validé tes diplômes certes, mais pourquoi si un club croit en toi, on va te brider et t’interdire d’entraîner ? » Je le vivais comme une injustice. Mais c’était la seule fois où j’ai pensé à arrêter.
Après un mois de recherche, le président de Basse-Indre, Daniel Brohant et Alain Tessier, un autre dirigeant m’ont contacté. Je me souviens : je prenais le TGV pour Nantes le matin, nous avons déjeuné ensemble, à 15 H je reprenais le train pour rentrer et je n’étais pas encore arrivé à Lille qu’ils m’avaient déjà rappelé pour me dire on veut que tu viennes. Je ne peux que les remercier.
Gries, son aventure
Mon arrivée à Gries a été un hasard, au départ en tout cas. J’avais envoyé quelques CVs quand j’étais à Cergy, dont Gries. Je visitais un club sur un week-end, Lorient pour être précis. J’étais avec le président et son bras-droit et durant les deux jours où j’étais là-bas, je reçois un appel de Thomas Lotz, me disant qu’il va peut-être chercher un entraîneur pour la saison prochaine. J’enchaînais alors mon voyage avec une visite à Gries. J’ai découvert le club et je sentais qu’il était ambitieux et qu’il faisait bon y vivre. L’anecdote fait que cette année-là, nous terminons champions devant … Lorient. Thomas a eu du cran d’aller chercher quelqu’un de l’extérieur car beaucoup d’entraîneurs lorgnaient sur ce poste. En une demi-journée, tout était réglé. Aujourd’hui, je suis très bien à Gries : j’ai gagné deux titres, je suis allé en demi-finale de Playoffs, le tout en quatre ans. Ils m’ont permis d’ouvrir des routes jusque-là fermées. Ils m’ont suivi dans mon délire, sans jamais me dire non, du moment que c’était dans le domaine du possible. Ils m’ont toujours fait confiance dans mes choix, dans mes risques comme faire venir des Xavi ou des Asier. C’est ça que j’aime ici.
(Suite de l’entretien demain soir, 20h)
Crédit photos : Florian Fischer


