Christophe Ruqueboeuche, la troisième pièce d’un trio bien rôdé
Le basket est souvent fait de rencontres. La carrière de Christophe Ruqueboeuche, manager général du BCS s’est en grande partie construite ainsi. Avec son travail et son professionnalisme, il a su bâtir une base solide à Souffelweyersheim pour remonter le club jusqu’à la huitième place en Pro B. Portrait.
Originaire du Nord de la France, « une région où le basket est très présent », la carrière professionnelle de Christophe Ruqueboeuche l’a mené de Boulogne-sur-Mer à Strasbourg en passant par Rouen avec comme fil rouge permanent, le basket. Manager au sein du groupe Accor, ses premiers contacts avec le SOMB se firent voilà une dizaine d’années : « Je dirigeais un hôtel à Boulogne et nous accueillions les équipes qui venaient jouer en ville et au Portel également. Etant aussi partenaire du SOMB, j’ai fait la connaissance d’Olivier Bourgain (aujourd’hui directeur sportif à Gravelines) et Germain Castano, l’entraîneur (aujourd’hui à Orléans, en Jeep Elite). Pendant cette période, j’ai beaucoup observé leurs méthodes de travail et je m’occupais en parallèle de leurs réservations d’hôtel pour les déplacements ».
En 2012, il se voit muté à Rouen de par son activité professionnelle. Grâce à ses contacts et son réseau étendu dans le milieu du basket, son intégration se fait vite, et bien. Alors nouvel entraîneur du club rouennais, Laurent Sciarra, lui proposait rapidement d’intégrer le club : « J’arrivais en même temps que Laurent, que je connaissais déjà et qui est un très bon ami. Avec Yvan Gueuder le président, les contacts se sont faits rapidement. Je devais un petit peu gérer l’intendance du club par exemple et j’en profitais toujours pour apprendre et comprendre le fonctionnement d’un club. Puis il y a eu cette wild-card attribuée à Rouen par la LNB pour rejoindre la Pro A de l’époque. Le coach d’alors, Rémy Valin et Yvan Gueuder ont souhaité m’intégrer pleinement au staff. Même si la saison s’est soldée par une descente, j’ai pu mettre mes deux pieds dans le monde du basket professionnel avec notamment un groupe composé de joueurs comme Alain Koffi, Jean-Michel Mipoka ou encore Guerschon Yabusele ». Et le tout, bénévolement.
Direction Souffel’
A nouveau muté, cette fois en Alsace en 2016, il décidait dans un premier temps de mettre le basket de côté. Mais c’est bien connu, chassez le naturel et il revient au galop. En assistant tout de même aux rencontres du BCS, il entrait en relation avec les deux présidents du club, Éric Auvray et Éric Mittelhauser : « Tout d’abord pour proposer un partenariat avec le club, par exemple savoir s’il était possible d’accueillir les équipes adverses. Et l’été suivant mon arrivée, le Président Mittelhauser me propose de déjeuner ensemble. Je pensais qu’il souhaitait alors discuter du renouvellement de notre partenariat. Mais il arrive avec Stéphane Eberlin, que je ne connaissais pas encore très bien et Éric me propose finalement de devenir le manager du groupe professionnel. Ils souhaitaient bénéficier de mon vécu pour construire un nouveau projet pour le club et avec le coach. J’ai accepté l’offre ». Et le voilà lancé dans un nouveau défi.
Le recrutement déjà validé et effectué, Christophe profitait de la première année pour observer et s’approprier le fonctionnement du BCS. Les grandes manœuvres démarraient elles l’année suivante, lorsqu’il était pleinement intégré au processus de recrutement avec Stéphane Eberlin et Daniel Pereira. La suite était couronnée de succès : une montée, un titre de champion et un retour en Pro B : « C’était un vrai coup de poker que nous avions fait. Pour construire l’effectif, nous sommes passés par toutes les émotions mais ça a fonctionné. Et nous avons utilisé la même recette cette année, pour le résultat qu’on connaît ».
Dans le milieu du basket bas-rhinois, l’image de Souffel’ renvoie tout logiquement vers Stéphane Eberlin, l’emblématique coach du club. Et qui dit Eberlin, dit Daniel Pereira. Un duo formé depuis de très longues années et qui se retrouve à la tête de l’équipe première du BCS depuis plus de dix ans également. Alors intégrer cette paire, se fondre au milieu d’elle pour faire naître un trio a été une des premières missions de Christophe. Amener ce qu’il pouvait sans rien déformer, en quelque sorte : « La relation avec Stéphane donnait rapidement l’impression que cela faisait vingt ans que nous travaillions ensemble. Tout s’est fait naturellement car il est très curieux et a toujours l’envie de découvrir de nouvelles choses. Il me demande souvent mon avis et nous sommes beaucoup dans l’échange. Avec Daniel, nous avons beaucoup de points communs. C’est quelqu’un de très agréable sur et en dehors du terrain. Ils n’ont pas vu mon arrivée comme un ajout pour leur mettre des bâtons dans les roues mais plutôt pour construire un nouveau trio pour progresser. Je voulais autant apprendre d’eux que je pouvais donner en retour ».
Ce nouveau trio est d’ailleurs passé par différentes situations qui ont fini de le souder : « Lors de ma première saison, Stéphane a été suspendu quelques matchs. Daniel a été propulsé entraîneur principal. Moi, bien que toujours sur le banc, je n’interviens pas d’un point de vue sportif durant la rencontre. Et à ce moment-là, j’ai été amené à prendre plus de responsabilités à ce niveau. Inconsciemment, ce passage a renforcé le trio ». Une expérience de coaching pour faire naître une nouvelle vocation ? « Non. J’ai coaché il y a quelques années à Barentin, un club qui m’est cher. Pourtant, je me suis souvent senti plus l’âme d’un manager. C’est la continuité de mon activité professionnelle et c’est dans ce domaine que j’ai le plus de valeur ajoutée à apporter ».
Rebondir après le titre
Finalement, chacun semble avoir trouvé sa place à Souffel’ permettant ainsi au club d’évoluer et le plus important, de gagner. Champion de France de Nationale 1 en 2019, ce titre restera un souvenir gravé pendant très longtemps pour Christophe : « Aujourd’hui encore, je regarde cette médaille tous les jours. La manière dont nous l’avons acquis, le travail fourni par tout le monde, ça rend ce titre encore plus beau ».
Pugnace, rigoureux et organisé, entres autres, Christophe partage toujours son quotidien entre la salle des Sept Arpents et son activité professionnelle de plus en plus prenante. Les journées à rallonge, il connaît, l’obligeant à s’adapter pour rester proche du domaine sportif : « Je ne suis pas tous les jours à la salle, ce qui nous oblige, Stéphane, Daniel et moi, à être très rigoureux et organisés pour communiquer. D’ailleurs, nous avons trouvé une bonne méthode pour échanger au quotidien tout en restant toujours très réactifs ». Et pour continuer à faire grandir Souffel’, il est toujours plein d’idées : « J’aime voir le travail payer et pour cela, j’ai encore des projets en stock pour faire grandir le BCS dans le monde professionnel. Pour combien de temps encore, je ne sais pas. Mes activités sont prenantes et énergivores. C’est une question ouverte et l’avenir nous le dira ».
Laisser l’avenir en partie décider pour lui, c’est d’ailleurs ce qui a amené Christophe à Souffel’, pour le succès qu’on connaît. Alors ce n’est finalement peut-être pas une si mauvaise idée.
Crédit photos : Myriam Vogel


