Mélissa Micaletto : « C’est en côtoyant des gens ambitieux que j’ai eu envie de devenir joueuse professionnelle »
Formée en jeunes à la SIG, Mélissa Micaletto a par la suite connu une solide carrière de joueuse professionnelle. Aujourd’hui, toujours poussée par le sport, elle a choisi de se lancer dans une nouvelle aventure.
Comment vas-tu ?
Je vais bien merci. Je suis actuellement installée à Nantes et, malgré le confinement, mes activités continuent de tourner, elles n’ont pas forcément été freinées.
Peux-tu rapidement revenir sur ta carrière de basketteuse ?
Alors, j’ai démarré à Ostwald quand j’avais 8 ans. C’est mon village d’origine. J’ai passé deux ans là-bas et jusqu’à mes quatorze ans, j’ai joué à la SIG. Lors de ma dernière année de minimes, j’étais surclassée avec les cadettes. Puis, aiguillée par Jacques Vernerey, j’ai été poussée pour faire des tests en centres de formation à Mondeville, Valenciennes et Calais. J’ai été retenue dans le premier, un des meilleurs centres de formation en France. J’ai été triple championne de France avec les jeunes là-bas, gagnée une Coupe de France aussi, c’était clairement mes meilleures années de basket. A 18 ans, je suis passée pro et j’ai joué pour Nice (NF1, devenue Ligue 2 depuis), Reims et Dunkerque (en Ligue 2 aussi) ou encore Arras et Saint-Amand, en LFB.
Pourquoi avoir choisi de quitter la SIG pour Mondeville en 2005 ?
Je voulais partir, ça n’a pas été compliqué pour moi. A cette époque, je vivais mon rêve. J’étais ambitieuse comme jamais alors je n’ai jamais regardé en arrière, du moins pas à cette époque-là.
Dans ce cas, à quel moment as-tu un peu regardé vers l’arrière ?
Un peu plus tard, vers 20-22 ans cela se faisait sentir. Au début, quand tu gagnes, tout va bien, tu oublies tout cela. Ce sont quand les choses se compliquent que tu ressens un manque.
Intégrer la Ligue professionnelle était toujours un objectif pour toi ?
Non, ce serait mentir. Cet objectif est né progressivement. Quand j’ai rejoint Mondeville, je suis passée dans une autre dimension. L’équipe première du club jouait en Euroleague à l’époque et dès mes 15 ans, je m’entraînais avec elle. J’ai vu ce que signifiait être professionnelle. C’est en côtoyant des gens ambitieux que j’ai eu envie de devenir joueuse professionnelle.
Un retour en Alsace n’a jamais été possible ?
Avec la SIG, j’ai été en contact tout au long de ma carrière, nous avons eu plusieurs échanges. Je suis même revenue m’entraîner avec les filles en 2014. Philippe Breitenbucher m’a gentiment permis de rejoindre le groupe pour garder la forme. J’ai toujours eu le club dans mon cœur mais mon ambition était de jouer en Ligue, alors tant que la SIG n’y était pas…
Tu as depuis démarré une toute nouvelle carrière ?
Oui, j’avais programmé ma reconversion. Depuis 26 ans, je me forme en parallèle. J’ai travaillé avec un préparateur mental à Saint-Amand et j’ai vraiment adoré cela. Il m’a ouvert de nouvelles perspectives. Quand je suis allée à Sainte-Savine, en NF1, j’ai choisi de redescendre d’un niveau pour amorcer ma reconversion et me former.
Pourquoi ce choix de reconversion ?
Dans le sport professionnel, plus on monte de niveau moins je retrouvais le côté humain. Tu étais beaucoup tournée vers la performance et par séquences, tu oubliais la partie humaine. Alors, quand j’ai commencé à retravailler sur moi, j’ai retrouvé ce côté-là qui me manquait depuis mes années jeunes. En tant que joueuse professionnelle, tu es souvent prise dans les déplacements, tu vis à un rythme un peu fou. J’avais besoin de me stabiliser.
En quoi consiste ton travail dans ce domaine ?
C’est de la préparation et du coaching pour des sportifs, joueurs et entraîneurs, orienté performance. Depuis un an maintenant, j’ai endossé une nouvelle casquette, celle d’entrepreuneuse. J’engrange de l’expérience et je coache également des entrepreneurs maintenant, avec une casquette sportive.
Quels sont tes objectifs dans ce domaine ?
C’est une grande question. J’ai envie de développer une méthode alliant sport, bien-être ou encore l’alimentation pour développer la performance. J’ai cette envie de marier les différents univers pour en sortir le meilleur. Plus j’apprends, plus je me rends compte que certains pays ou disciplines sont en avance. Les USA ou la Nouvelle-Zélande par exemple ou les sports individuels qui ont eux déjà intégré cette notion de préparation individuelle, comme le judo, l’athlétisme ou le trail.
As-tu déjà dû faire face à certaines réticences ?
Oui, le fameux mythe du héros sportif, sans faille. La principale réponse que je reçois dans ces cas est toujours « je n’en ai pas besoin moi ». Alors oui, peut-être qu’à un moment donné, quand tout va bien, tu penses que ça ne sert à rien. Pourtant, très souvent, ils reviennent en me demandant tout de même des conseils. C’est comme une préparation physique, des moments où tu te sens bien et d’autres où les choses sont plus compliquées. Il faut souvent prendre un peu de recul et te préparer à ce qui peut arriver. La préparation mentale rentre parfaitement dans ce cadre. Nous analysons ce qui a été, ce qui n’a pas bien fonctionné et on réaxe sur le positif. Et pour valider mes méthodes, je teste d’abord sur moi.
Crédit photos: Françoise Masquelier – Frédéric Copain


