Le recrutement à Souffel’, mode d’emploi

Difficile, lorsque vous disposez d’un des plus petits budgets de Pro B d’attirer les meilleurs joueurs. Manager général du BC Souffelweyersheim, Christophe Ruqueboeuche livre quelques détails et explications sur les méthodes de recrutement du BCS.

Peux-tu nous indiquer comment s’organise votre cellule de recrutement ?

Je dirais que nous sommes un trois plus un. Il y a d’un côté Stéphane (Eberlin), Daniel (Pereira) et moi, et de l’autre un des deux présidents, Éric Mittelhauser, même si Éric Auvray est également consulté.

Et parmi vous quatre, qui reste le décisionnaire final ?

Stéphane. Le patron du sportif, c’est lui. Je ne souhaite pas d’ingérence à ce niveau car c’est lui qui gère les joueurs au quotidien donc il garde le dernier mot. Bien sûr, si nous avons besoin d’un petit coup de pouce, financier ou autre, nous avons besoin de l’aval du président. Mais l’important est que Stéphane dispose du groupe le plus sain possible.

Te concernant, quel rôle joues-tu dans le processus de recrutement ?

Pour ma part, j’essaie de rentrer en contact avec le joueur et son entourage pour le sonder et jauger sa capacité à s’inclure dans un groupe. Pour en savoir plus, je n’hésite pas à appeler ses anciens coachs ou coéquipiers que je pourrais connaître.

D’une manière générale, comment fonctionne le recrutement à Souffel ‘ ?

Tout d’abord, nous discutons avec les joueurs déjà sous contrat. Ils sont notre priorité et nous nous rapprochons de leur entourage pour savoir s’ils souhaitent prolonger ou non. C’est ainsi que nous établissons nos besoins en recrutement. Ensuite, nous nous basons également sur l’observation de nos manques de la saison précédente. Tout au long du championnat, nous notons, Stéphane, Daniel et moi-même, ce qu’il conviendrait d’améliorer l’année suivante. C’était par exemple le cas avec Mehdy Ngouama. Souffel’ était réputé pour jouer très défensif et le recrutement de Medhy fut en partie pour palier à cela, même s’il n’est resté que quelques matchs. Et dès que nous savons quel type de joueur nous voulons, nous prenons contact et analysons à nouveau son profil, plus en détail.

Vous partez donc des besoins de l’équipe, mais comment réagissez-vous si une opportunité imprévue se présente ?

Comme Joe Burton ? Cela dépend. Pour prendre son cas en exemple, c’était une vraie opportunité. Au départ, nous voulions un poste 4-5 athlétique. C’est son agent qui nous l’a proposé, nous informant qu’il souhaitait se relancer. Mais dès le début, nous ne sommes pas plus penchés sur son cas, malgré le niveau du joueur. On se disait que même s’il était intéressé, il serait bien trop cher. Mais en discutant, il s’est avéré que niveau budget, cela pouvait coller. Puis vient l’aspect sportif, cela nécessite de revoir les systèmes pour l’intégrer au mieux dans le jeu de l’équipe. Sur ce point, Stéphane évacue rapidement tout doute et puis finalement, nous le signons. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’un MVP de Pro B puisse rejoindre un promu. C’était un vrai coup de chance car nous étions très proches de signer un autre joueur. Mais d’une manière globale, quand vous vous penchez sur les opportunités, il convient de faire très attention aux qualités humaines du joueur.

Est-ce qu’il vous arrive de demander l’avis de certains joueurs ?

Non. Nos deux capitaines, Jason Bach et Sylvain Sautier sont informés quand nous allons signer un joueur mais nous ne les intégrons pas au processus de recrutement. Par contre, ils vont être importants pour la suite, pour faire le lien entre le groupe et les recrues. Il faut ce genre d’hommes de vestiaire.

Les scouts, la prochaine étape pour Souffel’ ?

C’est très cher, mais je pense qu’ils vont faire leur apparition au sein de beaucoup de staffs. Nous nous basons sur nos systèmes qui fonctionnent bien. A notre niveau, nous privilégions nos relations avec les agents dont certaines datent de longtemps. Et puis les contacts directs avec les dirigeants ou entraineurs des autres clubs, pour des prêts par exemple. C’est plus facile et nous avons tout à y gagner, comme le prêt de Vincent Vent en provenance d’Orléans.

Et l’utilisation de la veille sur Internet, comme les différents sites de scouting reports ?

De la veille, nous en faisons tout le temps. On voit souvent des joueurs qui émergent ou qui nous plaisent durant la saison, alors on se le note et on le garde dans un coin de notre tête. Nous regardons aussi beaucoup les championnats des divisions inférieures ou espoirs. Mais après, comme dit auparavant, nous privilégions les contacts avec les agents que nous connaissons. Les relations que nous entretenons avec eux mettent du temps à se mettre en place alors le faire avec des gens que nous ne connaissons pas, ce n’est pas pour tout de suite.

Qu’en est-il des logiciels spécialisés (Synergie, Instats) ?

Daniel utilise énormément ces sites. Il est très fort sur la partie analyse vidéo. Si Stéphane remarque un joueur, je vais regarder son parcours, ce qu’on dit de lui et Daniel va lui aller plus dans le détail en décortiquant son jeu grâce aux logiciels spécialisés.

D’après toi, quels seront les effets de la crise sur les recrutements cet été ?

Cette crise va engendrer de toutes nouvelles politiques économiques ou de recrutements, on le voit déjà avec Limoges qui vient de recruter en Pro B. Cela ira certainement en cascade, la Jeep Elite va un peu plus faire son marché en Pro B, qui elle ira regarder en N1 et ainsi de suite. Les cartes vont être redistribuées et il y aura des opportunités pour beaucoup de joueurs. Je trouve d’ailleurs étonnant que le marché soit déjà si actif, surtout en N1. Pour beaucoup de clubs, c’est compliqué car il n’y pas d’horizon, nous ne savons pas de quoi sera fait demain. Mais je pense que dès que la ligue aura statué, que nous aurons plus de visibilité, tout va s’accélérer.

Crédit photos : Myriam Vogel

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