Dorian Déniel, mettre la formation en avant
Le BC Nord Alsace (BCNA), fusion des Vosges du Nord et du COH Haguenau est « né » le 30 juin 2017. Depuis, le club ne cesse de se structurer et espère bien poursuivre son évolution en mettant l’accent sur la formation des jeunes pousses régionales. A sa tête, Dorian Déniel (entraîneur U15 France et assistant de Maxence Barthel à la tête de l’équipe 1 également) espère que les efforts mis en place depuis plusieurs années porteront leurs fruits et porteront le BCNA vers de nouveaux sommets.
19 ans. Quand certains à cet âge-là rentrent en centre de formation, Dorian prenait lui en mains les rênes de l’école de basket du BCNA. Ce Breton, âgé aujourd’hui de 23 ans est arrivé en Alsace voilà quatre ans par le biais de contacts avec Olivier Letzelter et Alain Hamza. Ce dernier fait d’ailleurs parti de sa famille mais les liens reliant Dorian à l’Alsace s’arrêtent là : « Alain a soufflé mon nom à Olivier qui a ensuite entamé les contacts. Le but était de trouver un entraîneur pour gérer la formation féminine du club ». Joueur (un peu), arbitre et entraîneur dès ses quatorze ans, Dorian comprenait rapidement que cette voie lui collait mieux à la peau, la formation des jeunes joueurs en particulier. Le projet proposé par les dirigeants lui semblant intéressant et surtout réalisable, il décidait de rejoindre l’Alsace. En changeant de région, il en profitait pour parfaire ses connaissances en Licence STAPS, histoire de s’armer encore plus pour sa mission.
Premiers bilans
Lorsqu’il rejoingait le club qui se nommait alors encore Vosges du Nord, Dorian disposait de temps pour dresser un premier bilan de la situation. D’un côté, une équipe féminine sénior en Nationale 2, le quatrième échelon français, et des équipes de jeunes évoluant dans les différents championnats régionaux. Difficile dans ce cas d’alimenter l’équipe phare du club de joueuses du cru et surtout capables d’évoluer au niveau demandé. De l’autre, surtout à quelques poignées de kilomètres de là, le CTC, club regroupant Haguenau, Schirrhein et Reichshoffen, véritable vivier de jeunes talents et qui pour la première fois se voyait octroyer une « wild card » pour aligner une équipe en Minimes France. A la fin de la saison 2016-2017, les deux entités se mutualisent pour créer le BCNA et ainsi devenir une des plus grandes formations bas-rhinoises, en termes de licenciés et d’équipes engagées. Surtout, le club dispose désormais d’une solide base pour mettre en place ses structures de formation : « Dès la première année, nous avons essayé d’améliorer les structures et conditions d’entraînement. Nous voulions permettre aux jeunes de s’entraîner plus souvent. Nous nous sommes aussi rapprochés des établissements scolaires. Maintenant, nos filles sont scolarisées à 100 mètres de la salle, profitent de la section sports études et nous disposons d’un vrai suivi médical ».
Et ce travail paye, rapidement même. Depuis quatre saisons, les minimes U15 jouent en championnat de France, remportant même un titre en poule basse. Les cadettes U18 y évoluent elles depuis trois saisons. De quoi attirer et fidéliser les joueuses.
Alimenter l’équipe première
Si la base semble désormais solide sur ces catégories, les U11 et U13 ne sont pas oubliées : « Depuis deux ans, nous travaillons sur ces catégories également, pour disposer d’un vrai vivier de qualité. Nous recrutons très peu en cadettes. Nous procédons à plus de détections sur les minimes et en-dessous pour trouver les meilleurs potentiels. Nous observons principalement la motivation de la joueuse, ensuite seulement son talent, sa taille ou son potentiel ». De ce fait, la liste de matchs observés chaque saison s’allonge pour essayer de repérer dès que possible de futurs talents : « Nous suivons aussi les sélections départementales. De là, avec toutes ces informations, nous discutons avec les parents et leurs présentons notre projet de formation, aussi bien basket que scolaire, mais aussi toutes les valeurs que nous souhaitons transmettre à travers le club ».
Avec une filière nationale démarrant en U15, il est possible désormais de qualifier les premiers résultats, et ceux-ci sont plutôt positifs : « Au début, il y a toujours des améliorations à apporter. Nous sommes attentifs aux retours et tentons de parfaire notre stratégie. Mais aujourd’hui, nous avons déjà quatre filles qui jouent en N2 avec nous et quatre autres qui ont intégré des centres de formation. Et plusieurs filles arrivées en minimes sont aujourd’hui toujours au club ». Gage de qualité.
En contrepartie de l’attrait créé par sa nouvelle structure, le BCNA doit aussi s’assurer de ne pas « dévaliser » les clubs voisins du Nord-Alsace. Travailler intelligemment avec les autres, c’est ainsi que Dorian qualifie sa relation avec eux : « Nous ne voulons pas forcément recruter toutes meilleures joueuses. Le but premier, c’est d’voir une filière de formation structurée pour apporter une amélioration du niveau en Alsace du Nord. En U15 par exemple, le territoire est maillé par le Pôle Espoirs. Toutes les joueuses originaires de Strasbourg ou du sud du Bas-Rhin vont vers la SIG et nous, nous gérons la partie Nord. Cela permet en plus d’avoir deux équipes compétitives dans le département ».
Le prochain objectif pour le centre d’entraînement sera clairement d’augmenter l’afflux de joueuses formées localement vers l’équipe première. Au niveau du club, c’est la montée en Nationale 1 dans les deux ans qui semble s’inscrire au tableau d’affichage. Et à Dorian d’ajouter : « Pour la formation, il ne faut pas résonner en résultats mais plutôt en termes de plaisir. Nous espérons que grâce à notre filière, la joueuse aura également appris d’autres valeurs, comme l’exigence et le travail, qu’elle progresse baskettement parlant car au final, le plus important c’est elle. Et si à côté le niveau augmente dans la région, tout le monde en sortira gagnant ».
Et si à la fin de l’histoire, c’est le BCNA qui gagne, Dorian aura grandement réussi son pari.
Crédit photo : Alain Rauscher