Céline Pfister, nouveaux horizons
Depuis deux ans, Céline Pfister a quitté son Alsace natale pour rejoindre Mayotte. Plus de 7000 kms la séparent désormais de son ancien club de la SIG où elle a passé toute sa carrière, ce qui ne l’empêche de garder des contacts et de vivre de nouvelles et enrichissantes expériences.
L’enfant du cru a quitté son cocon voilà deux ans pour démarrer une nouvelle vie, celle de professeur d’EPS à Mayotte, petite île en plein océan Indien, nichée entre l’Afrique et Madagascar. Un changement pas forcément évident au départ : « J’ai mis du temps à prendre mes marques sur cette petite île française au milieu de l’Océan Indien. La culture locale est totalement différente comparée à la métropole, que ce soit au niveau du rythme ou des habitudes de vie. Le climat est clairement étouffant à l’arrivée, surtout venant d’Alsace. Mais désormais, je m’y plais énormément : j’adore mon entourage et suis très épanouie dans toutes mes activités ».
Ses activités ont d’ailleurs été des vecteurs très importants dans son intégration. A travers son métier de professeur d’EPS que « l’enthousiasme, les sourires et l’énergie des enfants Mahorais m’ont fait rapidement apprécier », le rugby, le théâtre d’improvisation ou, bien évidemment, le basket, elle a réussi à se faire une place dans son nouvel environnement.
De nouvelles expériences de vie, et de jeu
La balle orange fut fort logiquement la première discipline vers laquelle Céline s’est tournée, non sans une pointe de surprise quant aux conditions dans lesquelles elle allait pratiquer ce sport : « Dès mon arrivée, j’ai repris le basket. Par contre, à Mayotte, il n’est pas question de parquet. Tout se joue à l’extérieur, sur des terrains plus ou moins entretenus. Qu’il pleuve ou qu’il vente, nous jouons, c’est très atypique. Il nous arrive parfois de jouer sur des paniers qui n’ont pas la même hauteur, sur des terrains dont les lignes sont bien effacées ou de devoir ramasser les déchets sur le terrain avant de pouvoir jouer. Pour l’anecdote, nous n’avons pas pu jouer deux matchs, parce qu’un mariage était organisé sur le plateau sportif, nous n’étions pas au courant, mais je trouve ça bien plus drôle que dramatique ».
Pourtant, avant son départ, poursuivre dans cette voie ne faisait pas vraiment partie de ses plans, mais difficile de se séparer de quelque chose qui est présent dans sa vie depuis de longues années : « Ianis TOUMBOU DANI, le Président du club des Fuz’Ellipse de Cavani dans lequel j’évolue, a réussi à me joindre alors que j’étais encore en métropole pour me convaincre de venir jouer dans son club. Moi qui comptais arrêter le basket de compétition, c’était raté, je n’ai pas été bien difficile à convaincre. Nous avons fini championnes de Mayotte et de la Coupe de Mayotte, ce qui nous a donné l’occasion de jouer contre l’équipe du Tampon de la Réunion et partir à Madagascar pour jouer contre les Comores et l’équipe malgache ; bref, une superbe expérience de vie ».
Avec son expérience de la Ligue 2 française, sa formation et son goût de la compétition, quel est son nouveau rôle au sein de sa formation ? « J’essaie d’apporter ce que je sais et connais aux joueurs et joueuses qui en ont envie. Après, je ne suis pas venue à Mayotte pour cela, j’avais envie de découvrir le basket mahorais et ses pratiques, les façons dont ils voient le jeu. Nous avons entamé la première saison surtout dans une optique de basket loisir, donc seules les joueuses motivées à progresser me demandaient des conseils, sinon, on jouait chacune à notre niveau, sans se prendre la tête. Au fur et à mesure de la saison, on a commencé à gagner les matchs, et on a gagné en sérieux et je glissais quelques conseils à mes coéquipières ». Et concernant le niveau, Céline ajoute avec une analyse assez pointue : « Sur le papier, nous évoluons en NF3 mais selon moi, c’est un niveau bien inférieur à celui de métropole. Le basket féminin est clairement plus statique, moins athlétique et technique qu’en métropole. Les jeunes filles et femmes ont plus de difficultés à avoir une activité de loisir en général. Dans la culture mahoraise, elles sont très vite attelées aux tâches ménagères et quittent très peu leur foyer… donc elles s’entraînent peu et utilisent le basket comme échappatoire, pas forcément en recherche de compétition et progrès. Les garçons ont un jeu un peu plus semblable au jeu métropolitain. Les joueurs sont très athlétiques et certains sont de vrais shooteurs. Globalement, je pense que le manque d’infrastructures et le manque de formation pour les encadrants sont de vrais handicaps à l’évolution du basket mahorais même si, au contraire, certains jeunes arrivent à sortir du lot et sont envoyés au Pôle Espoir de l’Océan Indien, voire à intégrer les sélections et des centres de formation en métropole, et ça, c’est énorme ! Quoi qu’il en soit, au niveau de l’ambiance, c’est grandiose et je ne regrette pas de l’avoir vécu ».
Toujours une place pour la SIG
Même au milieu de l’Océan Indien et malgré les quelques 7700 kms la séparant du Hall de la Poste, Céline continue à garder un œil sur les résultats et les performances de ses copines. Son père, très présent et impliqué dans le basket local la tient également au courant des différents résultats. Le maintien acquis par la SIG féminine, en LF2, a fini de la réjouir pour cette saison : « C’est vraiment bien ce qu’elles ont réalisé cette saison. J’adore voir l’émulation de l’équipe. Petite mention à Justine (WINTZ) qui continue à scorer à 150m (sans exagération), Louise (DAMBACH) toujours prête à en découdre, Kath (BOURDIN) qui ne lâche jamais rien, Emma (PEYTOUR) qui joue toujours avec style et Amélie (VOYNET) qui nous fait son show à chaque match. Sans oublier le staff, les bénévoles, les supporters et le Prési’ qui semblent prendre leur pied à ce niveau ».
Si la saison en France a connu un épilogue nouveau et surprenant, nul doute qu’à Mayotte, Céline a pu prendre la mesure de toutes les autres choses que le sport, en général, permet de véhiculer.
Crédit photo : Audrey Feltz